onvenante, mais qui lui etait imposee par la necessite.
--Je sais par Horace de quoi il s'agit, interrompit le colonel, et je
suis heureux de mettre deux de mes chambres a la disposition de ces
dames. Je regrette seulement que vous n'en ayez pas deja pris possession
en m'attendant, car vous deviez bien penser que je m'empresserais de
vous les offrir.
Comme le prince se confondait en excuses en meme temps qu'en
remerciments, le colonel l'interrompit de nouveau.
--Je vous assure que vous ne me devez pas tant de reconnaissance. Au
reste le sacrifice que je vous fais est bien petit, et je regrette meme
que les circonstances le rende si insignifiant.
--Il n'en est pas moins vrai que, pour nous, vous vous privez de vos
chambres, dit Carmelita.
--Pour une nuit....
--Comment! pour une nuit? s'ecria le prince.
--Je pars demain soir.
Carmelita attacha sur le colonel un long regards qui fit baisser les
yeux a celui-ci.
Pour echapper a l'embarras que ce regard de Carmelita lui causait, il
se jeta dans des explications sur son depart, arrete depuis longtemps,
dit-il, et qui ne pouvait etre differe.
Puis presqu'aussitot, pretextant la fatigue, le prince demanda au
colonel la permission de conduire la comtesse a sa chambre.
Dans son etat, elle avait besoin des plus grands menagements.
Et tout bas il dit au colonel que la pauvre femme etait bien mal et
qu'un acces de fatigue pouvait la tuer.
II
Ce que le colonel eut voulu savoir et ce qu'il se demandait
curieusement, c'etait pourquoi le prince etait venu au Glion.
Il n'avait point oublie, bien entendu, ce que madame de Lucilliere
lui avait si souvent repete a propos des projets du prince et de ses
esperances matrimoniales.
Il se pouvait donc tres bien que ce voyage au Glion n'eut pas d'autre
but que l'accomplissement de ces projets et la realisation de ces
esperances.
Sachant ce qui s'etait passe avec madame de Lucilliere, le prince avait
trouve que le moment etait favorable pour mettre Carmelita en avant et
la presenter comme une consolatrice.
Alors la maladie de la comtesse Belmonte n'etait qu'un pretexte pour
expliquer ce voyage.
Il faut dire que le colonel n'etait nullement dispose a l'infatuation,
et que de lui-meme il n'eut tres probablement jamais imagine qu'on
pouvait courir apres lui pour le marier avec une jolie fille. Mais
madame de Lucilliere lui avait si souvent parle de ce projet du prince,
que le souvenir de ces paroles ne
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