--Je croyais qu'il n'y avait pas de chambres disponibles en ce moment a
notre hotel, interrompit le colonel.
--Justement il n'y en a pas.
--Eh bien! alors?
Horace entreprit le recit de ce qui s'etait passe, comment le sommelier
avait ete amene par hasard, par force pour ainsi dire, a parler de la
chambre que le colonel transformait en salle a manger, et comment le
prince attendait l'arrivee du colonel pour lui demander cette chambre.
A ce mot, le colonel frappa fortement la terre de son _alpenstock_.
--C'est bien, dit-il, je ne rentre pas; le prince se decidera sans doute
a chercher plus loin; tu diras que tu ne m'as pas rencontre. Je ne
reviendrai que dans quelques jours.
--Ah! mon colonel.
Et Horace qui voyait s'evanouir ainsi le plan qu'il avait forme, essaya
de representer a son maitre combien cette explication serait peu
vraisemblable.
Pendant quelques secondes le colonel resta hesitant; puis, tout a coup,
comme s'il avait pris son parti:
--C'est bien, dit-il, rentrons a l'hotel.
--Puis-je prendre les devants pour annoncer votre arrivee?
--Non; je desire m'expliquer moi-meme avec le prince.
En arrivant a l'hotel, il apercut le prince installe avec sa soeur et sa
niece dans le jardin ou ils prenaient des glaces; vivement le prince
se leva pour accourir au devant de lui: jamais accueil ne fut plus
chaleureux.
Apres le depart d'Horace, le prince avait fait monter son bagage dans le
cabinet qui lui etait donne sous les toits, mais il avait voulu que
les malles de sa soeur et de sa niece restassent dans le vestibule de
l'hotel.
Avant de s'installer dans la salle a manger du colonel, il fallait
attendre le retour de celui-ci.
Il etait convenable de lui demander cette chambre.
Seulement, en meme temps, il etait bon de le mettre dans l'impossibilite
de la refuser.
Ou coucheraient la comtesse et Carmelita?
Devant une pareille question, la reponse ne pouvait pas etre douteuse.
C'etait donc en costume de voyage que la comtesse et Carmelita avaient
dine a table d'hote, ou leur presence avait fait sensation.
Pour Carmelita, elle se contenta de tendre la main au colonel et de
poser sur lui ses grands yeux, qui s'etaient eclaires d'une flamme
rapide.
Mais ce n'etait pas seulement pour avoir le plaisir de serrer la main
de ce cher colonel que le prince Mazzazoli attendait son retour avec
impatience.
Il avait une demande a lui adresser, une priere, la plus importune, la
plus inc
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