main matin, il adressa au prince Mazzazoli sa demande ou plutot
la demande de Carmelita.
--C'est cette grande enfant, s'ecria le prince, qui j'en suis certain,
vous a tourmente pour vous accompagner dans vos excursions?
--Elle a manifeste le desir de parcourir la montagne, et je suis heureux
de me mettre a sa disposition.
--Vous etes heureux d'aller ou bon vous semble, librement voila qui est
certain, et c'est bien assez que nous soyons venus vous chasser de votre
appartement, sans encore vous prendre votre liberte. Excusez-la, je vous
prie; elle n'a pas pris garde a ce qu'elle vous demandait.
--Refusez-vous de me la confier?
--Je refuse de vous ennuyer.
L'entretien ainsi engage ne pouvait finir que par la defaite du prince.
Un quart d'heure apres, Carmelita etait prete a partir: elle avait
revetu un costume bizarre: une robe courte, serree a la taille par un
ceinturon de cuir et modulant sa taille et ses epaules; aux pieds, des
souliers pris dans les guetres; sur la tete un petit chapeau de feutre,
sans plumes, mais avec un voile gris flottant au vent; a la main, une
longue canne.
--M'acceptez-vous ainsi? dit-elle en posant sur lui ses grands yeux
clairs. Je vous promets de vous suivre sans demander grace, et de passer
partout ou vous passerez; le pied est solide et je ne sais pas ce que
que c'est que le vertige.
Ils partirent sans qu'il pensat a se demander comment, en un quart
d'heure, elle avait pu improviser ce charmant costume de montagne, qui
etait un vrai chef-d'oeuvre longuement medite par l'illustre Faugeroles,
et sans qu'il se dit qu'il etait assez etrange, alors qu'elle ne devait
pas faire d'excursion, qu'elle eut dans ses bagages des objets aussi peu
appropries a une toilette ordinaire que des guetres et une canne.
--Et ou vous plait-il que nous allions? demanda-t-il apres avoir marche
pendant quelques minutes pres d'elle.
--Mais ou vous voudrez, dans la montagne, droit devant nous. Quand vous
viendrez, dans l'Apennin, si jamais vous nous faites le plaisir de nous
visiter a Belmonte, je vous guiderai; ici guidez-moi vous-meme, car
je ne connais rien. Tout ce que je desire, c'est aller le plus loin
possible, le plus haut que nous pourrons monter.
Ils quitterent bientot le chemin pour prendre un sentier qui courait sur
le flanc de la montagne en cotoyant le ravin et en coupant a travers des
paturages et des bois de sapins.
Personne dans ce sentier, personne dans les bois; sur les p
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