s je me trouvai beaucoup mieux et pus avoir
quelques explications d'Angeline quoiqu'elles fussent bien imparfaites,
n'ayant pu obtenir encore le plaisir d'offrir a mes sauveurs inconnus
l'expression de ma reconnaissance et les recompenses que je leur
destinais. Ils s'obstinerent longtemps sous un pretexte ou sous un
autre a ne pas se montrer, mais enfin ils durent ceder a mes demandes
reiterees et je pus faire leur connaissance.
Ils m'apprirent plus tard qu'ils s'etaient trouves chez Octave le jour
de sa mort; qu'Octave et Marguerite avaient ete pour le jeune homme et
sa mere une veritable Providence.
Ils les avaient recueillis un soir que manquant de tout, ils allaient
mourir en proie a une fievre ardente et ils leur avaient donne tous les
soins possibles.
Tous deux avaient donc voue a leurs protecteurs une reconnaissance sans
bornes et ne manquaient jamais de venir la leur exprimer a leur sortie
des bois.
A la nouvelle de leur mort prochaine, ils s'etaient hates d'accourir.
Ils avaient vu bien des fois le desespoir des malheureux parents au
sujet de leur petite fille; mais appartenant a une autre tribu, ils
ignoraient ce qu'elle etait devenue.
Aucun des incidents de la journee ne leur avait echappe. Ils avaient
remarque mon malaise indicible lorsque Marguerite avait fixe son regard
sur moi et entendu le cri dechirant de la mere lorsqu'elle avait reconnu
l'enfant. Ils avaient aussi soupconne une partie de la verite et
s'etaient mis sur mes traces pour approfondir ce mystere et proteger au
besoin la malheureuse orpheline.
Cependant mes forcee se retablirent bientot et je pus reprendre en
regagnant ma tribu la vie d'habitant des bois. Mais le croirait-on a
mesure que les forces me revenaient, l'idee de poursuivre ma vengeance
se reveillait plus pressante, plus terrible que jamais; et malgre la
terreur que m'inspirait encore le souvenir du la vision, je resolus
fermement de la pousser jusqu'au bout. Quelque fussent les obligations
que j'avais envers l'indienne et son fils je ne tardai pas a les prendre
en haine. Je sentais instinctivement qu'ils allaient etre de puissants
protecteurs pour Angeline et je decidai de me soustraire a leur
surveillance.
Je partis un jour avec Angeline pendant qu'Attenousse et sa mere avaient
rejoint un parti de chasseurs et devaient etre absents plusieurs
semaines; je me dirigeai vers les rivages de la Baie des Chaleurs, sans
que personne sut de quel cote j'allais. J'y passai c
|