oments d'Angeline et d'Attenousse aussi brievement que possible.
On ne saurait voir une douleur plus reelle et des larmes plus sinceres
que celles qu'il versa en entendant ce recit. Sa rage contre Paulo etait
indicible. "Et moi, disait-il en m'interrompant a chaque instant, moi
qui les ai tenus tous trois aujourd'hui au bout de ma carabine. Ah! si
j'avais su, si j'avais su... mais les miserables ne perdent rien pour
attendre".
Attenousse avait ete pour lui un ami et un protecteur.
Il me raconta ensuite qu'il avait surpris une conversation entre les
trois bandits, que ses compagnons n'avaient pu comprendre parce qu'ils
parlaient dans en langue iroquoise a laquelle ceux-ci etaient etrangers.
Bien qu'il n'eut pu saisir qu'imparfaitement, ce qu'ils se disaient,
il avait vu qu'il s'agissait d'un projet d'enlevement; mais que
l'entreprise qu'ils se proposaient devait etre entouree de grands
perils, car c'est a qui des trois ne l'executerait pas. Apres avoir
longtemps delibere il fut facile a Baptiste de conclure, par les mots
qu'il pouvait entendre quoiqu'ils ne fissent que des phrases decousues
qu'ils etaient decides de mettre leur projet a execution le plus tot
possible. Ils etaient pousses par l'espoir d'une rancon que le chef
paierait pour delivrer son enfant d'adoption.
On peut concevoir l'impression que me fit cette revelation. C'etait a
n'en pas douter mon Adala qu'ils voulaient me ravir; peut-etre meme
etaient-ils deja en marche. Ils avaient neanmoins compte sans leur
hote et, malheureusement pour eux, la partie etait trop forte, ils ne
devaient pas en recueillir le gain.
Nous concertames nos plans de defense, Baptiste et ses deux amis
devaient surveiller toutes les demarches des brigands et m'avertir quand
ils les verraient tenter quelque chose de suspect. La surveillance de
Baptiste meritait consideration surtout, lorsqu'il etait guide par la
reconnaissance comme dans cette occasion; ses compagnons par amitie pour
lui s'etaient lies de tout coeur a moi et me juraient fidelite. Ils
etaient guides par l'esprit des aventures d'abord, puis par le courage
que met tout honnete homme a prevenir un crime, et en prevenir ceux qui
devaient en etre les auteurs. C'etait pour eux un stimulant plus que
suffisant.
Comptant donc sur ces auxiliaires, je pris le chemin de ma demeure bien
decide a verser jusqu'a la derniere goutte de mon sang pour defendre mes
protegees.
En arrivant dans le village, j'informai les hab
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