a respiration ou plutot un
ralement qui vit chez lui. Il ne voit rien, il n'entend rien, il ne peut
plus se mouvoir."
"Rodinus detourne la tete avec degout quand je lui presente pour la
seconde fois l'image du Dieu crucifie. Il l'aurait meme souille de
nouveau par un crachat si je ne me fusse empresse de le retirer."
"Enfin la toilette est terminee, leurs chaines leur ont ete enlevees,
ils ont la corde au cou et les mains liees derriere le dos."
"Le cortege se met en marche. Quatre aides portent Paulo toujours
insensible et le deposent sur la trappe fatale, Rodinus l'a precede. Il
a toute la stoique ferocite du sauvage. La tete haute il jette d'abord
un regard de defi sur la foule et regarde avec indifference le bourreau
qui passe l'extremite de la corde dans le crochet. Il ne veut pas
permettre qu'on rabatte le bonnet sur ses yeux comme on vient de le
faire a Paulo."
"La foule est a genoux et prie. Moi, la figure prosternee sur le gibet,
j'entends le bruit sourd qui m'avertit que la trappe est ouverte et que
deux ames viennent de paraitre devant le tribunal supreme, et quelles
sont jugees!!!... Ah! puissent-ils avoir trouve misericorde aupres de
Dieu!!!!!!"
"Voila, mon cher frere, les details aussi exacts que possible, voila
aussi la fin deplorable de ces deux grands coupables. Pourtant, malgre
toute l'apparence de l'inutilite de nos prieres, redoublons cependant
nos instances aupres du Tres-Haut. Qui sait?"
Je ferme en frissonnant ce journal, il m'echappe des mains. J'essuie les
sueurs glacees qui inondent mon front.
J'oublie l'univers entier et me transporte en esprit dans ce monde
invisible et inconnu dont ces deux hommes ont franchi la barriere.
Ma pensee se noie dans l'horreur du sort qui vraisemblablement les y
attendait.
Je ne sais combien d'heures j'ai passe dans ces penibles reflexions mais
tout a coup mes idees prennent un autre cours. Une figure angelique
vient faire contraste avec les leurs que je crois entrevoir parmi celles
des demons. Cette figure est celle d'Angeline, de la mere d'Adala. Il me
semble entendre cette voix qui n'avait plus rien de terrestre a me
dire, au moment ou son ame allait s'envoler vers le ciel et apres la
confession que je lui avait faite: "Pere viens m'embrasser. Je te confie
mon enfant, mon Adala."
Ce dernier nom a un effet magique. Il m'eveille comme d'un affreux
cauchemar et la chere petite lettre d'Adala est la devant moi qui semble
me sourire et m'inv
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