itants que j'etais sur
les traces de ceux qui avaient jete la consternation parmi eux. Je leur
fis connaitre la tentative qu'ils devaient faire pour enlever Adala. Il
n'y eut qu'un cri d'indignation parmi ces braves gens; tous s'offrirent
de me preter main forte et nous nous separames apres avoir convenu de
faire bonne garde et de donner l'eveil dans le cas ou un des trois
miserables serait apercu rodant dans les environs.
Quinze jours se passerent dans une parfaite tranquillite et sans que
j'eusse de renseignements sur mes nouveaux allies. Je connaissais trop
la perspicacite et le devouement de Baptiste pour douter un instant
qu'il ne remplit scrupuleusement le role important que je lui avais
confie.
Cependant ce calme apparent etait bien loin de me faire prendre le
change. J'etais trop au fait des habitudes sauvages pour ne pas voir
dans ce repos une ruse afin de mieux nous surprendre plus tard, aussi
avais-je pris mes precautions en consequence.
Enfin le soir de la vingtieme journee, j'etais assis sur le seuil de
la porte lorsque le cri du merle siffleur se fit entendre; c'etait le
signal convenu. Je tressaillis involontairement. J'ordonnai a la vieille
de fermer les contrevents, de barricader les portes et de n'ouvrir qu'a
ma voix; puis je me dirigeai precipitamment vers l'endroit d'ou etait
parti le cri. Je ne m'etais pas trompe, ce signal venait d'un des
compagnons de Baptiste. C'etait le gascon qu'il m'expediait. II
m'informa que les trois bandits s'etaient occupes de chasse et de peche,
ils avaient, fume les viandes et les poissons comme s'ils se fussent
prepares a un long voyage. Ils avaient de plus confectionne un leger
canot d'ecorce sur la riviere St. Jean avaient depose des provisions
de distance en distance en descendant vers le village de Ste. Anne.
Baptiste me faisait dire de plus qu'ils avaient prepare une hotte dont
la destination etait evidente, il etait d'opinion que cette nuit meme,
ils frapperaient le coup decisif; puisqu'ils n'etaient qu'a deux lieues
a peine des habitations. Je devais donc me tenir sur mes gardes pendant
qu'eux-memes ne seraient pas loin.
Je fis prevenir six des hommes les plus determines et intelligents
de mon voisinage et les disposai de maniere que leur presence fut
parfaitement dissimulee. D'apres mes instructions, ils ne devaient tirer
qu'au premier commandement.
J'oubliai par malheur de faire la meme recommandation au gascon eloigne
d'environ trois cents verges d
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