'a promis partout
que des prieres seraient offertes a Dieu. Elles seront dites et repetees
dans chaque communaute et par toutes les personnes pieuses."
"Je me trouve dans une disposition d'esprit bien differente des jours
precedents. Je m'accuse d'avoir peut-etre exprime des paroles d'aigreur
devant ces hommes qui pourraient etre plus malheureux et ignorants
que coupables. Je dirige mes pas vers la prison bien decide a leur en
demander pardon. Je pourrais prendre Dieu a temoin, que si je les ai
offenses, c'est bien involontairement car je donnerais de grand coeur
jusqu'a la derniere goutte de mon sang pour leur etre utile."
"Je marche d'un pas plus leger, plus alerte car l'esperance a fait
renaitre mon courage. A peine ai-je franchi les derniers degres de la
prison que je rencontre le saint Eveque. Il me tend la main, je la porte
a mes levres avec respect, mais lui m'embrasse avec tendresse. Je n'ai
pas le courage de l'interroger, son serrement de mains m'indique qu'a
lui aussi etait departie la part d'amertume comme aux bons autres
pretres qui ont tour a tour, mais en vain essaye d'obtenir d'eux une
parole ou un signe de repentir."
"Mon Dieu, j'ai pourtant bien prie dans les deux jours qui sont passes,
je vais prier encore davantage mais je ne puis continuer D'ecrire."
19 Sept, 11 heures P. M.
"Pardonnez a mon ecriture, ma main est tremblante et peut-etre
aurez-vous de la peine a dechiffrer le pauvre griffonnage que je fais.
A peine quelques heures vont-elles s'ecouler avant que la justice des
hommes soit satisfaite, et je n'ai pu rien obtenir. La derniere nuit est
epouvantable."
"Quand la reponse a leur demande d'un sursis leur a ete apportee, hier
soir, et que l'expression formelle du refus leur a ete signifiee, jamais
scene plus dechirante n'a ete vue."
"D'abord, ils ont prelude aux apprets de leur mort d'une maniere
differente, l'un par des chants feroces et sauvages, l'autre par
d'execrables obscenites, puis a minuit sonnant, comme par un accord
mutuel, les deux prisonniers se sont tus. Rodinus le complice s'est
enveloppe la tete de sa couverture et s'est mis a moduler un chant
bizarre mais empreint d'une telle ferocite que je ne pouvais m'empecher
de sentir un frisson qui parcourait tout mon etre. Paulo au contraire
est tombe dans un etat d'inertie et d'abattement dont il n'a pas pu
etre releve. Le premier a continue son chant etrange jusqu'au moment de
l'execution. Il ne s'y melait presque plu
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