benediction. Le lendemain la sainte femme
n'etait plus. Elle etait morte sans que j'aie pu lui donner l'assurance
que je suivrais a la lettre ses dernieres recommandations. Maintenant,
je vous avouerai que, c'est ainsi que je me suis trouve en entendant
les belles paroles que la Dame Superieure et l'Assistante me disaient.
Stupide et pleurnichant comme une vieille femme, je sortis ne sachant
ou donner la tete. Un homme m'attendait a la porte et est venu me
reconduire jusqu'au canot. Il avait sous le bras un gros sac qu'on vous
envoyait sans doute."
Baptiste a ces mots me presente ce sac que j'ouvre en sa presence. Il
contenait des provisions que mes bonnes soeurs lui ont fait remettre
pour leur descente. Il y a de plus une enveloppe dans laquelle il doit y
avoir une charmante petite lettre. Elle est si mignonne et si gentille.
--En effet, ajouta-il en se frappant le front, l'homme de l'hopital,
rendu au canot, m'a dit, ce sac est pour vous, la lettre pour le grand
Chef, et je me rappelle a present que pendant que je parlais avec les
religieuses la petite avait dit: Je vais ecrire a mon pere Helika.
--Ne m'en voulez pas, je l'aime moi aussi et je voulais savoir si elle
etait heureuse. Maintenant me pardonnez-vous?
Je l'embrasse a ces paroles et je lui presse la main. C'etait la, seule
marque de reconnaissance que je pouvais lui donner. J'etais si emu de
ces temoignages d'amitie. J'insistai pour qu'il prit quelque repos, il
s'etendit sur son lit et ne tarda pas a s'endormir.
Je vais de suite m'installer au pied d'un arbre touffu que les rayons du
soleil ne caressent que mollement avant que d'arriver a moi. J'ouvre le
cahier et je lis le rapport et la lettre du geolier: La voici.
Monsieur,
"En reponse a la demande que vous m'en avez faite, je vous rends compte
aujourd'hui de la maniere dont les prisonniers se sont conduits depuis
leur condamnation. Apres le prononce de leur jugement et l'assurance que
la cour leur donna qu'ils n'avaient aucune misericorde a esperer des
hommes et qu'ils devaient se preparer a paraitre devant Dieu le 20 du
courant, ils ont echange ensemble quelques mots de fureur que nous
n'avons pu saisir parce qu'ils etaient dits dans une langue que personne
ne comprend".
"Du 12 au 13, ils ont passe une nuit affreuse de meme que tous leurs
jours et nuits depuis leur retour a la prison. Ils ont cherche a
s'elancer l'un contre l'autre dans des transports indicibles de rage; un
gardien de la
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