it parti le cri. Nous apercumes effectivement dans un cran de rochers
deux points lumineux et le canon d'une carabine qui brillait au rayon
de la lune. J'abaissai mon arme et fit feu. Deux balles d'un autre cote
vinrent siffler aupres de moi. Trois autres coups partis des notres
repondirent aux deux premiers.
J'avais bien recommande a mes hommes de se tenir a l'abri des arbres et
de se coucher a plat ventre sitot qu'ils auraient tire. C'est ce qu'ils
firent. Ils durent a cette precaution de n'etre pas atteints par les
balles.
Quelques secondes apres, Je reconnu le son de la grosse carabine de
Baptiste et j'apercus en meme temps un sauvage qui degringolait du haut
du rocher.
A l'assaut m'ecriai-je, sans leur donner le temps de recharger et le
couteau aux dents, nous nous precipitames sur eux. Paulo comprit alors
qu'il n'y avait plus de salut pour lui que dans une lutte desesperee
dont il sortirait victorieux. D'ailleurs les hommes qu'il commandait
etaient bien propres a lui inspirer de la confiance. C'etaient des gens
determines et dont les forces devaient etre decuplees par l'idee que
s'ils tombaient vivants entre nos mains, la potence les attendaient.
Le coup de fusil de Baptiste seul avait porte, le mien avait fait voler
en eclats la crosse de la carabine de la sentinelle.
Nous etions cinq contre cinq, la partie etait egale. Ce fut la crosse de
nos armes qui nous servit d'abord de massues, mais les bandits etaient
exerces a parer les coups. Les crosses volerent en eclats et la lutte au
couteau s'en suivit.
Elle fut terrible et sanglante. Qu'il me suffise de dire qu'une heure
apres, le plateau qui nous avait servi de champ de bataille etait inonde
de sang. Trois hommes gisaient se tordant dans les convulsions de
l'agonie. Deux autres blesses etaient un peu plus loin, mais ceux-la
fortement lies. Trois de mes malheureux compagnons dont Baptiste et
moi pansions les malheureuses blessures, nageaient dans leur sang. Le
Normand, le Gascon, Bidoune etaient blesses plus severement que nos
ennemis qui se trouvaient etre Paulo et son complice. Bidoune avait recu
un coup de couteau en pleine poitrine.
Apres avoir panse les blessures du mieux que nous pumes, Baptiste et moi
qui n'avions recu que de legeres egratignures, nous nous mimes a faire
un abri, car il ne fallait pas songer a se mettre en route pour gagner
les habitations dans l'etat ou etaient nos amis.
Lorsque le soleil du lendemain eclaira le lieu du ca
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