e ou nous deposames les trois cadavres. Nous les recouvrimes
de terre et meme de pierres pour les proteger des atteintes des betes.
Nous incendiames ensuite leur cabane et apres un repos de quelques
instants, nous nous mimes a la poursuite des autres bandits qui avaient
sur nous une avance de plus de trois heures. C'etait la que commencaient
les difficultes de la lache que nous avions entreprise.
Maintenant, l'eveil leur etait donne. Sans doute qu'ils allaient.
employer toutes les ruses possibles pour nous surprendre a leur tour.
Je comprenais toutefois qu'ils ne pouvaient marcher longtemps ensemble.
L'attaque avait ete si inattendue et leur fuite si precipitee qu'ils
n'avaient pas eu le temps de prendre des provisions. Ils devaient donc
se separer avant que d'avoir fait bien du chemin et c'etait justement en
que je voulais empecher.
Nous etions presque en nombre egal, il n'etait donc pas prudent pour
nous de rester tous ensemble, car ils pourraient nous surprendre a
l'entree ou a la sortie d'un defile et nous tirer a l'affut comme gibier
de passage, aussi nous separames-nous. Je pris avec Bidonne, l'avant
garde, pour servir d'eclaireurs, pour que nous ne nous eloignames pas
trop les uns des autres, afin de nous preter un secours mutuel en cas de
surprise.
Nous etions en route depuis deux jours, lorsque nous decouvrimes des
traces toutes fraiches de leurs pas. Comme dans la chasse que Baptiste
avait donnee a Paulo, ils avaient encore cette fois pris toutes les
peines du monde pour effacer les vestiges de leur passage. Ils avaient
monte et redescendu les ruisseaux, choisi les terrains pierreux, fait un
grand nombre de tours et de detours afin de nous donner le change, mais
j'etais trop habitue A toutes ces ruses pour me laisser tromper. En
partant de l'endroit ou nous les avions surpris, ils s'etaient diriges
vers le sud puis marchant dans le cours d'un ruisseau, ils etaient
revenus plusieurs milles en arriere.
Nous pumes constater qu'evidemment Paulo conduisait le parti.
Enfin la nuit de la seconde journee, il faisait un clair de lune
magnifique. Nous etions disperses, les uns des autres, l'oeil et
l'oreille au guet, lorsque tout a coup, une modulation d'abord, puis
le cri du merle siffleur s'elevant a une petite distance arriva a mes
oreilles. C'etait le signal de ralliement, l'ennemi devait etre en vue
de quelqu'un de notre bande.
Nous nous glissames avec des precautions infinies vers le lieu d'ou
eta
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