avec celles de Paulo, Angelina et
d'Attenousse. Je fis la peinture des caracteres de ces deux hommes, je
m'accusai de ce que j'avais fait de mal, lui parlai des combats auxquels
j'avais eu part et lui montrai, a l'appui de mes paroles, les cicatrices
qui couvraient ma poitrine et tirai de mon sein les parchemins qui
m'avaient ete donnes.
Quand j'eus fini de parler, le pretre s'approcha de la lumiere, examina
mes parchemins un instant, puis, saisissant tout a coup le flambeau,
il vint le presenter devant ma figure: Helika! Monsieur Odillon! nous
ecriames-nous spontanement et nous tombames dans les bras l'un de
l'autre. Je le suppliai alors, me mettant a ses genoux, de sauver
Attenousse. Le bon pretre m'embrassa avec effusion, je sentis ses larmes
couler de mes joues, mais il me dit d'une voix profondement emue et en
secouant la tete: "Helas! je crains qu'il ne soit malheureusement trop
tard, j'ai deja fait tout ce qui etait en mon pouvoir, car je le connais
depuis longtemps et le sais parfaitement innocent, neanmoins je vais
encore tenter l'impossible pour y parvenir."
Au meme moment, un des guichetiers vint doucement gratter a la porte du
cachot, sur l'invitation du pretre, il entra.
Est-il eveille? demanda-t-il au guichetier d'une voix profondement
affligee.
Non, mon pere, repondit celui-ci avec respect, je viens vous dire qu'il
repose encore. Son sommeil est des plus paisibles, seulement ses levres
se sont entr'ouvertes pour laisser echapper les noms de sa mere, de sa
femme et de son enfant dont il nous a parle si souvent depuis qu'il est
ici; il a dit aussi ces mots: Oh! pere Helika! si tu vivais encore.
Le pretre tout emu se retourna vers moi, m'embrassa avec effusion, mes
sanglots m'empechaient d'articuler une seule syllabe; "Courage, me
dit-il, priez et esperez. Soumettons-nous dans tous les cas aux
inscrutables desseins de la Providence; dans une heure, je serai de
retour."
La lueur blafarde du crepuscule du matin scintillait peniblement, deja
depuis quelque temps, a travers le sombre vitreau grille de mon cachot
et l'execution devait avoir, lieu a six heures.
Les ouvriers qui avaient travaille a dresser l'echafaud avaient; termine
leur tache funebre, car on n'entendait plus les coups de marteau. De
plus, le murmure du dehors, comme celui d'une foule qui s'occupe
avec indifference des interets les plus mercenaires dans ces moments
solennels, parfois meme un eclat de rire mal etouffe arrivait a mon
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