titution, ajouta-t-il, a ete minee
insensiblement par des causes que je ne puis comprendre; elle etait nee
forte et vigoureuse. C'est a son temperament et a vos bons soins qu'elle
a du de vivre jusqu'aujourd'hui. L'energie de sa volonte a pu lui faire
surmonter bien des crises causees par un mal moral, mais cette derniere
a ete au-dessus de ses forces. Dans deux ou trois jours au plus dit-il
en me prenant la main et la serrant affectueusement, Dieu aura mis un a
ses souffrances.
A cette desolante declaration je sentis mes jambes flechir sous moi
heureusement que j'avais a ma portee un poteau auquel je pus me retenir,
car j'allais choir. Je demeurai longtemps plonge dans l'abime de ma
douleur. Je ne sais depuis combien de temps j'etais la lorsqu'une main
amicale vint se poser sur mon epaule. Je fis un soubresaut, comme quand
on est soudainement eveille au milieu d'un affreux cauchemar. C'etait le
bon cure qui venait faire sa visite quotidienne a ma chere malade. Le
docteur etait passe chez lui et lui avait raconte l'etat de desespoir
dans lequel il m'avait laisse. Il comprit que toutes ces consolations
banales qu'on prodigue quelquefois a ceux qui pleurent etaient
superflues, aussi nous acheminames nous en silence vers la maison. Avant
que d'y entrer, le bon pretre me fit promettre de n'y paraitre que
lorsqu'il m'appellerait afin que la malade ne vit pas l'alteration de ma
figure.
Quand j'entrai au signal convenu, les traits de ma pauvre Angeline
n'avaient plus rien qui appartint a la terre. Son regard etait tourne
vers les cieux et de ses levres s'echappait une fervente priere. Le
bruit de mes pas la tira de cet etat extatique. Elle me fit signe
d'approcher, me tendit la main et me presenta son front a baiser comme
elle avait coutume de le faire depuis mon retour.
Enfin, vous l'avouerai-je, je ne me sens plus la force de vous exprimer
les souffrances innombrables que j'ai eprouvees pendant les deux jours
et deux nuits qui precederent sa mort. Berce de temps en temps entre le
decouragement ou l'esperance, des qu'une lueur d'amelioration se
faisait entrevoir je redoublais, s'il etait possible, mes soins et ma
sollicitude. La mere et moi nous etions constamment a son chevet dans
un morne silence trouble seulement par la respiration haletante de la
mourante et le tic-tac de l'horloge dont l'aiguille, comme le doigt de
l'inexorable destin nous montre a chaque seconde que nous avons fait un
pas vers l'eternite.
Les r
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