un cadavre!
Deux jours apres, Angeline fut deposee dans sa derniere demeure ou elle
dort encore aujourd'hui sous un gazon emaille de fleurs sauvages en
attendant le jour ou nous nous reunirons. Une pauvre croix de pierre sur
laquelle est grave son nom, avertit le passant indifferent qui foule les
tombes du cimetiere, qu'elle repose la.
Quand la ceremonie funebre fut terminee, je pris Adala dans mes bras, la
pressai sur ma poitrine et lui dis avec transport: "Oh non, mon Adala,
tu ne resteras pas orpheline, car desormais tu seras ma seule richesse,
mon seul bonheur."
TROIS TRAPPEURS.--UNE VIEILLE CONNAISSANCE.
J'avais adopte l'enfant comme la mienne et la grand'mere qui demeurait
avec moi en prenait un soin tout particulier.
L'interet de mon argent fournissait amplement aux besoins de la famille,
et nous vivions heureux.
Je passai tout l'ete aupres de mes protegees, mais les premieres bordees
de neige firent renaitre en moi un desir irrepressible de la chasse dans
les endroits ou ma vie s'etait en partie ecoulee.
Adala avait, pendant ce temps, supporte les maladies auxquelles les
enfants de son age sont sujets; grace aux bons soins du medecin et de
ceux que nous lui prodiguames, elle etait revenue a la sante.
J'avais concu des soupcons sur le caractere de la femme qui avait
raconte a Angeline la mort tragique de son mari. Je reconnaissais-la,
dans toutes ces informations, une malveillance dictee par une
intelligence plus forte que ne possedait la femme en question. Je fus
aussi frappe de cette histoire du cousin qui l'avait mis parfaitement au
fait d'une circonstance intime de notre vie.
Depuis quelques jours, on m'informait que trois sauvages, apres avoir
rode longtemps dans les bois, etaient disparus subitement et sans qu'on
sut quel cote ils avaient pris: de la, grande inquietude parmi mes
voisina, car ils s'etaient livres a des vols, a des rapines, ils avaient
meme commis des actes d'outrages les plus criminels qui avaient attire
contre eux un juste sentiment d'indignation. Ces derniers actes
mettaient le comble a leur sceleratesse. Dernierement encore, ils
etaient entres dans la demeure d'un brave citoyen alors absent et la
femme ne put etre a l'abri de leurs violences qu'en les menacant de mon
nom, car on savait dans la paroisse que j'etais un ancien chef sauvage.
En m'entendant nommer celui qui paraissait les conduire, avait
tressailli de surprise. Il avait pris des informations detaille
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