rtege funebre qui defilait, je le
suivis machinalement.
La cloche sonna de nouveau, mais cette fois, c'etait le dernier glas.
Attenousse, les mains liees derriere le dos et la corde au cou dont le
bourreau tenait l'autre extremite, s'avanca, d'un air calme, jusque sur
le bord de l'echafaud.
La foule etait immense, les rires et les chuchotements cesserent, le
spectacle allait commencer. Le condamne se mit a genoux, repeta les
prieres des agonisants apres Monsieur Odillon, puis se levant, il dit
d'une voix ferme: "Avant que de paraitre devant Dieu, je declare de la
maniere la plus solennelle que je suis entierement innocent du crime
pour lequel on m'ote la vie. Je demande pardon a tous ceux a qui j'ai pu
faire du mal sans le savoir et pardonne de tout coeur a ceux qui m'en on
fait." Il ajouta en se tournant fierement vers la foule: "le coeur du
guerrier sauvage est inaccessible a la peur. Son chant de mort ne sera
pas celui de ses peres, mais celui de la religion de sa femme et de son
enfant qu'un missionnaire leur apprit a repeter a l'enterrement de leurs
freres." Puis d'une voix forte, pleine d'une suave et pittoresque beaute
il entonna son _Libera_.
Je crois encore, apres quinze ans de ces evenements, entendre chacune
de ces notes qui retentissent dans mon ame avec le glas funebre que la
brise du matin nous apportait, du toutes les cloches de la ville.
Son chant funebre termine, il se mit de nouveau a genoux, embrassa
pieusement le crucifix que monsieur Odillon lui presenta, le bonnet
fut rabattu sur ses yeux puis un bruit mat se fit entendre. C'etait
la trappe qui venait de s'ouvrir. A l'instant meme, le cri "grace"
retentit. Un officier a cheval agitant un papier debouchait au coin de
la prison.
Ce cri produisit un choc electrique. La foule se precipita vers
l'echafaud, la corde fut coupee par vingt couteaux, mais helas!... il
etait trop tard... les vertebres avaient ete disloquees et la mort, par
consequent, instantanee!!!!......
La justice des hommes comme on le dit generalement etait
satisfaite...........
Des medecins furent appeles en toute hate. Ce que l'art put tenter fut
vainement employe pour lui rendre la vie. Pendant ce temps, la foule
anxieuse, la tete decouverte, consultait avec angoisse la figure
des medecins pour tacher de decouvrir s'il n'y avait pas encore
quelqu'espoir. Mais lorsque ceux-ci declarerent qu'il etait bien mort,
que tout etait fini, toutes les poitrines se souleverent,
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