tre. Vos accusateurs sont Paulo, Rodinus
et Dubecca, ils vous ont, vu retirer votre propre couteau du sein de
votre compagnon ou vous veniez de l'enfoncer, c'est la preuve la plus
forte qu'il puisse y avoir contre vous."
"Chacun ici connait combien grands sont mes pouvoirs, ajouta-t-il en
promenant un regard d'importance sur l'auditoire. Gare a vous d'essayer
a resister ou a fuir, car je vous fais lier pieds et poings."
En entendant Justitia s'exprimer ainsi, Attenousse comprit sans doute a
quel homme il avait affaire, car il haussa dedaigneusement les epaules
en disant: "Pourquoi donc chercherais-je a fuir comme un vil assassin?
Ce que je desire, c'est d'etre confronte avec mes accusateurs." Les
autre sauvages qui l'accompagnaient voulurent protester de l'innocence
d'Attenousse et certifier de son bon caractere, en en meme temps qu'ils
s'offraient de prouver la sceleratesse de Paulo et de ses complices.
D'un geste solennel et imperieux, le juge, comme on le pense bien, s'y
refusa, leur ordonnant de laisser la salle et, commandant a ceux
qu'il avait choisi pour conduire Attenousse de se mettre en route
immediatement.
Or dans ces temps-la, lorsque l'endroit ou l'on avait capture un
incrimine se trouvait eloigne du lieu de la prison, il etait conduit
d'un juge de paix a l'autre, chacun d'eux etant oblige de commander des
hommes pour l'accompagner et le garder jusqu'au prochain magistrat et
ces hommes devaient obeir sous peine d'une forte amende ou de la prison.
Mais dans les grands bois ou les postes etaient etablis a des distances
bien eloignees, le magistrat choisissait quatre a cinq hommes qui
etaient, nourris et payes aux depens du gouvernement pour remettre le
prisonnier entre les mains du geolier de la prison la plus rapprochee.
Tel etait le cas pour Attenousse. Belandre, agent d'une societe qui
exploitait le commerce de fourrures, parce qu'il avait une teinte
d'instruction, avait ete nomme a la charge de magistrat stipendiaire.
Ce n'etait pas a son merite personnel que la chose etait due, mais aux
intrigues qu'il avait exercees aupres des personnes haut placees.
On sait que les sauvages Abenakis et Micmacs ne craignaient pas de
s'embarquer dans leurs freles canots, pour traverser le fleuve, gagner
le Saguenay, le remonter et aller faire la chasse et la peche au lac St.
Jean.
La distance etait a peu de difference pres de cet endroit de Quebec ou
Trois-Rivieres. C'est la que se trouvaient les acteurs
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