ne de marcher jusques vers un autre
endroit du jardin: et comme ils s'avancoyent celle part, le fantosme
disparut soudain. Ayola reste seul commence a le rappeler, protestant qu'il
ne tiendroit a lui de faire ce qu'il seroit en sa puissance; et attendit un
peu. Le fantosme ne paroissant plus, l'Espagnol retourne en sa chambre,
resveille ses compagnons, qui le voyant tout pasle, lui donnerent un peu de
vin et quelque confiture, s'enquerans de son avanture, laquelle il leur
raconta. Tost apres le bruit seme par la ville de cest accident, le
gouverneur s'enquit soigneusement de tout, et entendant le rapport d'Ayola
en toutes ses circonstances, fit fouiller en l'endroit ou le fantosme
estoit disparu. La fut trouvee la carcasse enchainee ainsi qu'Ayola l'avoit
veue, en une sepulture peu profonde, d'ou ayant este tiree et enterree
ailleurs avec les autres, tout le bruit qui paravant avoit este en ce grand
logis cessa. Les Espagnols retournez en leur pays, Ayola fut pourvu
d'office de judicature: et avoit un fils president en une ville d'Espagne
du temps de Torquemada, lequel fait ce discours en la troisieme journee de
son _Hexameron_."
Taillepied[1] raconte le fait suivant: "Environ l'an 1559, un gentilhomme
d'un village pres de Meulan sur Seine, seigneur de Flins, avoit ordonne par
testament qu'on ensevelist son corps avec ses ancetres en la ville de
Paris. Quand il fut trespasse, son fils heritier ne s'en souciant beaucoup
d'executer la volonte de son pere le fit inhumer dans l'eglise dudit
village. Mais advint que l'esprit du pere fit tant grand bruit et tourmente
dans la chambre du fils qui couchoit en son lict a Paris que le fils fut
contrainct d'envoyer des saquemans (pillards, voleurs) qu'il loua a prix
d'argent, pour aller deterrer le corps dudit trespasse, et le faire
apporter au lieu ou il avait esleu sa sepulture. Le lendemain matin je fus
a ce village, en un jour de dimanche, ou l'histoire me fut recitee tout au
long, et y avoit dans l'eglise une si grande puanteur de ce corps qui avoit
este leve le jour precedent, qu'on n'y pouvoit aucunement durer pour
l'infection."
[Note 1: _Traite de l'apparition des esprits_, p. 123.]
"En Islande, dit Jean des Caurres[1], qui est une isle vers Aquilon des
dernieres en laquelle, au solstice de l'este, n'y a nulle nuit, et a celuy
de l'hyver n'y a nul jour, il y a une montagne nommee Hecla, qui est
bruslante comme Ethna, et la bien souvent les morts se monstrent aux gen
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