ovanni, di Alessandria
nelle Indie_. J'ay extrait d'icelui, vers la fin quelques lignes tournees
de l'italien en latin (et maintenant en francois) comme s'ensuit. Le 25e
jour de mars, l'an 1540, plusieurs chrestiens, accompagnez de quelques
janissaires, s'acheminerent du Caire vers certaine montagnette sterile,
environ a demi lieue de la, jadis designee pour coemitiere aux trespassez:
auquel lieu s'assemble ordinairement tous les ans une incroyable multitude
de personnes, pour voir les corps morts y enterrez, comme sortans de leurs
fosses et sepulchres. Cela commence le jeudi, et dure jusques au samedi,
que tous disparoissent. Alors pouvez-vous voir des corps envelopez de leurs
draps, a la facon antique, mais on ne les void ni debout, ni marchans: ains
seulement les bras, ou les cuisses, ou autres parties du corps que vous
pouvez toucher. Si vous allez plus loin, puis revenez incontinent, vous
trouvez que ces bras ou autres membres paroissent encore d'avantage hors de
terre. Et plus vous changez de place, plus ces mouvements se font voir
divers eslevez. En mesmes temps il y a force pavillons tendus autour de la
montagne. Car et sains et malades qui vienent la par grosses troupes
croyent fermement que quiconque se lave la nuict precedente le vendredi, de
certaine eau puisee en un marest proche de la, c'est un remede pour
recouvrer et maintenir la sante, mais je n'ai point veu ce miracle. C'est
le rapport du Venitien. Outre lequel nous avons celui d'un jacopin d'Ulme,
nomme Felix, qui a voyage en ces quartiers du Levant, et a publie un livre
en alemand touchant ce qu'il a veu en la Palestine et en Egypte. Il fait le
mesme recit. Comme je n'ai pas entrepris de maintenir que ceste apparition
soit miraculeuse, pour confondre ces superstitieux et idolastres d'Egypte,
et leur monstrer qu'il y a une resurrection et vie a venir, ni ne veux non
plus refuter cela, ni maintenir que ce soit illusion de Satan, comme
plusieurs estiment; aussi j'en laisse le jugement au lecteur, pour en
penser et resoudre ce que bon lui semblera."
[Note 1: _Thresor des histoires admirables_, t. I, p. 42.]
[Note 2: _Meditations historiques_, ch. LXXIII.]
"J'adjousteray, dit Goulart, quelque chose a ce que dessus, pour le
contentement des lecteurs. Estienne du Plais, orfevre ingenieux, homme
d'honneste et agreable conversation, aage maintenant d'environ
quarante-cinq ans, qui a este fort curieux en sa jeunesse de voir divers
pays, et a soigne
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