l'air ait
soustenu si longuement un poids si lourd de tant de pierres entre
lesquelles on en trouva une pesant soixante livres et une autre deux fois
autant. Dedans deux ans apres les Francois quitterent l'Italie, en laquelle
ils rentrerent l'an 1515. Milan se vit reduite a toute extremite de
saccagement, guerres, embrasements, pestes. La foudre qui fit tant de
dommage au chateau de Milan l'an 1521 sembla presager aussi la grande
revolution des afaires qui y aparut depuis, tant en la mesme annee qu'es
suivantes comme il se void es recit de Guichardin en son _Histoire des
guerres d'Italie_."
D'apres Gomez[1], "Quelques mois devant la bataille de Ravenne, l'an 1512,
l'Italie fut estonnee par divers prodiges et fit estat d'estre battue de
force coups. Sur le couvent des Cordeliers de Modene furent veus de nuict
des flambeaux allumez en l'air, et de jour apparurent la mesme des
fantosmes en forme d'hommes qui s'entretuoyent. La ville de Creme fut en
plein midi couverte de si espaisses tenebres, que chascun y pensoit estre
en plein minuict. Tout l'air retentissoit de bruits espouvantables, les
esclairs extraordinaires, et multipliez sans guere d'intervalles faisoyent
un nouveau jour. Parmi cela survindrent des gresles extremement violentes
et si pesantes que le raport en semble incroyable."
[Note 1: _Histoire de Ximenes_, liv. V, cite par Goulard, _Thresor
des histoires admirables_, t. IV, p. 780.]
Paul Jove[1] raconte que "Devant que les Suisses sortissent de Novarre, ou
ils tenoient bon, l'an 1513, pour Maximilien Sforce, duc de Milan, contre
l'armee francoise, a laquelle commandoit le sieur de la Trimouille, assiste
de Jean-Jacques Trivulce et autres chefs de guerre, les chiens qui estoient
au camp des Francois, s'amasserent en troupes et entrerent dedans Novarre,
ou se rendans es corps de garde, ils commencerent a faire feste aux
Suisses, par toutes les contenances coustumieres a tels animaux lorsque
plus ils veulent amadouer leurs maistres. Jacques Motin d'Ury, vaillant
capitaine, comme il en fit preuve bientost apres, prenant cette reddition
des chiens a bon presage, s'accourut vers l'empereur Maximilian, et
l'asseura que les Francois seroient mis en deroute pour ce que les anciens
Suisses avoient tousjours marque que l'armee vers qui se rangeoyent les
chiens du parti contraire demeuroit victorieuse: les chiens quittant les
hommes couards et malheureux, pour se ranger aux vaillants et aux
fortunez."
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