un homme d'eglise venerable par sa vieillesse et piete, lequel
avoit este appelle par les dames de chambre de l'electrice, il dit: Ce
petit enfant portera quelque jour une croix que tout le monde verra, puis
que des son entree au monde il en a l'enseigne si manifeste. On en vid le
commencement en la princesse Sophie, sa mere, laquelle mourut douze jours
apres cest acouchcment."
[Note 1: En sa _Chronologie_.]
"J'ai apris de gens dignes de foi, dit le docteur Philippe Camerarius[1],
que le tres puissant roi de la Grand'Bretagne, Jacques, venant au monde,
fut veu ayant sur le corps un lyon et une couronne bien apparente, aucuns
disent de plus une espee: marques de grand presage et dignes de plus ample
consideration."
[Note 1: Au IIIe vol. de ses _Meditations historiques_, liv. III,
ch. II.]
Suivant Marin Barlet[1], "La princesse d'Albanie, fort enceinte, songea
qu'elle se delivroit d'un grand serpent, qui de son corps couvroit
l'Albanie, ouvroit la gueule sur la Turquie pour l'engloutir, et estendoit
doucement la queue vers Occident. Elle se delivra d'un fils, lequel avoit
sur le bras droit la forme d'une espee bien emprainte. Il fut nomme George,
puis, par les Turcs, Scanderberg, c'est-a-dire seigneur Alexandre. Ce fut
un tres sage, tres heureux et tres valeureux prince, qui fit rude guerre
aux Turcs."
[Note 1: _Vie de Scanderberg_, cite par Goulart, _Thresor des
histoires admirables_, t. III, p. 314.]
Baptiste Fulgose[1] raconte que "Elisabet d'Arc, paisanne lorraine, estant
fort enceinte, elle conta a ses voisins, au village, avoir songe qu'elle
enfantoit la foudre, dont elles ne firent que rire. Tost apres elle acoucha
d'une fille, ce qui augmenta la risee. Ceste fille, nommee Jeanne, et
surnommee la Pucelle, devenue en aage, quitta les moutons, prit les armes,
et fut une vraye fouldre de guerre: car par une speciale faveur et force
divine, elle ravit aux Anglois, possesseurs de la pluspart du royaume de
France, tout le bonheur dont ils avoyent jouy plusieurs annees, les
afoiblit, batit et harassa en tant de rencontres et de sieges, qu'ils
furent contraints quitter tout. Finalement, Jeanne, prise en certaine
sortie, fut bruslee vive par les Anglois, lesquels depuis ne durerent
gueres en France, ains repasserent la mer."
[Note 1: Au liv. I, chap. V, du recueil de ses _Histoires
memorables_, cite par Goulart, _Thresor des histoires admirables_,
t. III, p. 341]
Jean Franco
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