especent
sans qu'aucun des siens peust le secourir."
"Un mien ami nomme Gordian, personnage digne de foy, m'a recite, dit
Alexandre d'Alexandrie[1], qu'allant vers Arezze avec certain autre de sa
connoissance, s'estans esgarez en chemin ils entrerent en des forests, ou
ils ne voyent que de la neige, des lieux inaccessibles, et une effrayable
solitude. Le soleil estant fort bas, ils s'assirent par terre tous recreus.
Sur ce leur fut avis qu'ils entendoyent une voix d'homme assez pres de la;
ils approchent et voyent sur une terre proche trois gigantales et
espouvantables formes d'hommes, vestus de longues robes noires, comme en
deuil, avec grands cheveux et fort longues barbes, lesquels les
appellerent. Comme ces deux passans approchoyent, les trois fantosmes se
firent plus grands de beaucoup qu'a la premiere fois: et l'un d'iceux
paroissant nud, fit des fauts mouvemens et contenances fort deshonnestes.
Ces deux fort estonnez de tel spectacle commencerent a fuir de vitesse a
eux possible, et ayans traverse des precipices et chemins, du tout
fascheux, se rendirent a toute peine en la logette d'un paysan, ou ils
passerent la nuict."
[Note 1: Au IIe livre de ses _Jours geniaux_, ch. IX, cite par S.
Goulart, _Thresor d'histoires admirables_, t. I, p. 534.]
"Ce que j'ay par tesmoignage de moy-mesme, et dont je suis bien asseure, je
l'adjouste, continue le meme auteur. Estant malade a Rome, et couche dedans
le lict, ou j'estois bien eveille, m'apparut un fantosme de belle femme,
laquelle je regardai longuement tout pensif et sans dire mot, discourant en
moy-mesme si je resvois, ou si j'estois vrayement esveille. Et conoissant
que tous mes sens estoyent en leur pleine vigueur, et que ce fantosme se
tenoit toujours devant moy, je lui demande qui elle estoit. Elle se
sousriant repetoit les mesmes mots, comme par mocquerie, et m'ayant
contemple longuement s'en alla."
Torquemada[1] nous apprend encore que "Antoine de la Cueva, chevalier
espagnol, pour raisons a nous incongnues, et par la permission de Dieu, fut
tente et travaille en la vie de fantosmes et visions, de maniere que pour
la continuation il en avoit finalement perdu la crainte, combien qu'il ne
laissast pas d'avoir tousiours de la lumiere en la chambre ou il couchoit.
Une nuict, estant en la couche, et lisant en un livre, il sentit du bruit
dessous la couche, comme s'il y eust quelque personne: et ne sachant que ce
pouvoist estre, vid sortir d'un coste du
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