a leur tour.
"Toutes ces expeditions n'ont cependant pu empecher que sur la fin de
l'annee derniere, c'est-a-dire au bout de cinq ans, ces funestes prodiges
n'ayent recommence, et que plusieurs habitans du meme village ne soient
peris malheureusement. Dans l'espace de trois mois, dix-sept personnes de
different sexe et de different age sont mortes de vampirisme, quelques-unes
sans etre malades, et d'autres apres deux ou trois jours de langueur.
"Une nommee Stanoska, fille, dit-on, du Heiduque Sovitzo, qui s'etoit
couchee en parfaite sante, se reveilla au milieu de la nuit, toute
tremblante et faisant des cris affreux, disant que le fils du Heiduque
Millo, mort depuis neuf semaines, avoit manque de l'etrangler pendant son
sommeil. Des ce moment elle ne fit que languir, et au bout de trois jours
elle mourut. Ce que cette fille avoit dit du fils de Millo le fit d'abord
reconnoitre pour un vampire; on l'exhuma, et on le trouva tel. Les
principaux du lieu, les medecins, les chirurgiens, examinerent comment le
vampirisme avoit pu renaitre apres les precautions qu'on avoit prises
quelques annees auparavant. On decouvrit enfin, apres avoir bien cherche,
que le defunt Arnold Paul avoit tue non seulement les quatre personnes dont
nous avons parle, mais aussi plusieurs bestiaux, dont les nouveaux vampires
avoient mange, et entr'autres, le fils de Millo. Sur ces indices, on prit
la resolution de deterrer tous ceux qui etoient morts depuis un certain
tems, etc. Parmi une quarantaine, on en trouva dix-sept avec tous les
signes les plus evidents de vampirisme: aussi leur a-t-on transperce le
coeur et coupe la tete, et ensuite on les a brules, et jette leurs cendres
dans la riviere.
"Toutes les informations et executions dont nous venons de parler ont ete
faites juridiquement, en bonne forme, et attestees par plusieurs officiers,
qui sont en garnison dans le pays, par les chirurgiens majors, et par les
principaux habitans du lieu. Le proces-verbal en a ete envoye vers la fin
de janvier dernier au conseil de guerre imperial a Vienne, qui avait etabli
une commission militaire, pour examiner la verite de tous ces faits."
Dom Calmet[1] imprime une lettre d'un officier du duc Alexandre de
Wurtemberg qui certifie tous ces faits.
[Note 1: Meme ouvrage, t. I, p. 64.]
"Pour satisfaire, y est-il dit, aux demandes de Monsieur l'Abbe dom Calmet,
le soussigne a l'honneur de l'assurer, qu'il n'est rien de plus vrai et de
si certain q
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