lict un bras nud, qui sembloit
estre de quelque more, lequel empoignant la chandelle la jetta a bas, avec
le chandelier et l'esteignit. Alors le chevalier sentit ce more monter et
se mettre avec lui en la couche. Comme ils se fusrent empoignez et
embrassez ils commencerent a lutter de toute leur force, menans tel bruit
que ceux de la maison se resveillerent, et venans voir que c'estoit ne
trouverent autre que le chevalier, lequel estoit tout en eau, comme s'il
fust sorti d'un bain et tout enflamme. Il leur conta son avanture, et que
ce more les sentant venir s'estoit desfait de lui, et ne scavoit qu'il
estoit devenu."
[Note 1: En la 3e journee de son _Hexameron_, cite par Goulart,
_Thresor des histoires admirables_, t. I, p. 547.]
Au recit de Goulart[1], "Le sieur de Voyennes, gentil-homme picard, en ses
devis ordinaires, limitoit ses jours au signe de Taurus. Un jour estant a
table en bonne compagnie, avis lui fut qu'il voyoit acourant a lui un
taureau furieux. Lors tout esperdu il commenca a s'escrier: Ha, messieurs,
ce meschant animal me perce de ses cornes. Disant telles paroles, il cheut
mort au bas de sa chaise."
[Note 1: Goulart, _Thresor des histoires admirables_, t. III, p.
329.]
Cardan[1], cite par Goulart[2], raconte que "Jacques Donat, riche
gentil-homme venitien, estant couche avec sa femme, et ayant un cierge
allume en sa chambre, deux nourrices dormantes en une couchette basse pres
d'un petit enfant, vid qu'on ouvroit tout bellement l'huis de sa chambre,
et un homme inconnu mettant la teste a la porte. Donat se leve, empoigne
son espee, fait allumer deux grands cierges, et, accompagne des nourrices,
entre en sa salle et trouve tout clos. Il se retire en sa chambre fort
esbahi. Le lendemain, ce petit enfant aage d'un an non encore accompli et
qui se portoit bien meurt."
[Note 1: Au XVIe livre de la _Diversite des choses_, ch. XCIII.]
[Note 2: _Thresor d'histoires admirables_, t. I, p. 531.]
D'apres Bartelemi de Bologne[1], "Antoine Urceus, la nuict derniere de sa
vie, estant couche, pensa voir un fort grand homme, lequel avoit la teste
rase, la barbe pendante jusqu'en terre, les yeux estincellans, deux
flambeaux es mains, se herissant depuis les pieds jusques a la teste,
auquel Antoine demanda: Qui es-tu, qui seul en equipage de furie, te
promenes ainsi hors heures, et quand chacun repose? Di moy, que
cherches-tu? En disant cela, Antoine se jette en bas du lict pour se
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