uleurs, leur serrant la gorge, et leur comprimant
l'estomac jusqu'a les suffoquer: il leur brisoit presque tout le corps, et
les reduisoit a une faiblesse extreme, en sorte qu'on les voyoit pales,
maigres et extenues. Le spectre attaquoit meme les animaux, et l'on a
trouve des vaches abbatues et demi-mortes; quelquefois il les attachoit
l'une a l'autre par la queue. Ces animaux par leurs mugissements marquoient
assez la douleur qu'ils ressentoient. On voyoit les chevaux comme accables
de fatigue, tout en sueur; principalement sur le dos, echauffes, hors
d'haleine, charges d'ecume comme apres une longue et penible course. Ces
calamites durerent plusieurs mois."
[Note 1: _Magia posthuma_, Olmutz, 1706, cite par dom Calmet,
_Traite sur les apparitions des esprits_, t. I, p. 33.]
Le meme auteur rapporte l'exemple d'un patre du village de Blow, pres de la
ville de Kadam en Boheme, qui parut pendant quelque tems et qui appelloit
certaines personnes, lesquelles ne manquoient pas de mourir dans la
huitaine. Les paysans de Blow deterrerent le corps de ce patre, et le
ficherent en terre avec un pieu, qu'ils lui passerent a travers le corps.
Cet homme en cet etat se moquoit de ceux qui lui faisoient souffrir ce
traitement, et leur disoit qu'ils avoient bonne grace de lui donner ainsi
un baton pour se defendre contre les chiens. La meme nuict il se releva, et
effraya par sa presence plusieurs personnes, et en suffoqua plus qu'il
n'avoit fait jusqu'alors. On le livra ensuite au bourreau, qui le mit sur
une charrette pour le transporter hors du village et l'y bruler. Ce cadavre
hurloit comme un furieux et remuoit les pieds et les mains comme vivant; et
lorsqu'on le perca de nouveau avec des pieux, il jetta de tres-grands cris,
et rendit du sang tres-vermeil, et en grande quantite. Enfin on le brula,
et cette execution mit fin aux apparitions et aux infestations de ce
spectre.
"Il y a environ quinze ans, rapporte dom Calmet[1], qu'un soldat etant en
garnison chez un paysan haidamaque, frontiere de Hongrie, vit entrer dans
la maison, comme il etoit a table aupres du maitre de la maison son hote,
un inconnu qui se mit aussi a table avec eux. Le maitre du logis en fut
etrangement effraye, de meme que le reste de la compagnie. Le soldat ne
savoit qu'en juger, ignorant de quoi il etoit question. Mais le maitre de
la maison etant mort des le lendemain, le soldat s'informa de ce que
c'etoit. On lui dit que c'etoit le pere de son
|