ord parce qu'il etait inutile
de questionner La Quille, ensuite parce qu'elle se doutait de ce
qu'on voulait d'elle; cependant, elle ne comprenait pas tres bien
que, s'il s'agissait de travailler avec Mombleux a une traduction
difficile, on la fit venir dans le bureau ou tout le monde
pourrait la voir et, par consequent, apprendre qu'il avait besoin
d'elle.
Du haut de son perron, Talouel, qui la regardait venir, l'appela:
"Viens ici."
Elle monta vivement les marches du perron.
"C'est bien toi qui parles anglais? demanda-t-il, reponds-moi sans
mentir.
-- Ma mere etait Anglaise.
-- Et le francais? Tu n'as pas d'accent.
-- Mon pere etait Francais.
-- Tu parles donc les deux langues?
-- Oui, monsieur.
-- Bon. Tu vas aller a Saint-Pipoy, ou M. Vulfran a besoin de
toi."
En entendant ce nom, elle laissa paraitre une surprise qui facha
le directeur.
"Es-tu stupide?"
Elle avait deja eu le temps de se remettre et de trouver une
reponse pour expliquer sa surprise.
"Je ne sais pas ou est Saint-Pipoy,
-- On va t'y conduire en voiture, tu ne te perdras donc pas."
Et du haut du perron, il appela:
"Guillaume!"
La voilure de M. Vulfran qu'elle avait vue rangee, a l'ombre, le
long des bureaux, s'approcha:
"Voila la fille, dit Talouel, vous pouvez la conduire a
M. Vulfran, et promptement, n'est-ce pas!"
Deja Perrine avait descendu le perron, et allait monter a cote de
Guillaume, mais il l'arreta d'un signe de main:
"Pas par la, dit-il, derriere."
En effet, un petit siege pour une seule personne se trouvait
derriere; elle y monta et la voiture partit grand train.
Quand ils furent sortis du village, Guillaume, sans ralentir
l'allure de son cheval, se tourna vers Perrine.
"C'est vrai que vous savez l'anglais? demanda-t-il.
-- Oui.
-- Vous allez avoir la chance de faire plaisir au patron."
Elle s'enhardit a poser une question:
"Comment cela?
-- Parce qu'il est avec des mecaniciens anglais qui viennent
d'arriver pour monter une machine et qu'il ne peut pas se faire
comprendre. Il a amene avec lui M. Mombleux, qui parle anglais a
ce qu'il dit; mais l'anglais de M. Mombleux n'est pas celui des
mecaniciens, si bien qu'ils se disputent sans se comprendre, et le
patron est furieux; c'etait a mourir de rire. A la fin,
M. Mombleux n'en pouvant plus, et esperant calmer le patron, a dit
qu'il y avait aux cannettes une jeune fille appelee Aurelie qui
parlait l'anglais, et le patron
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