perer en votre bonte! Votre exterieur ne m'avait pas trompe; vous
etes bien cet etre angelique qu'annoncent vos grands yeux et votre doux
sourire, et cette taille mignonne, gracieusement courbee comme une fleur
delicate, et ces cheveux teints du plus beau rayon du soleil. Quand je
vous vis pour la premiere fois, j'etais cache dans le parc, et vous
passates pres de moi en lisant. Au premier aspect d'une femme, j'avais
cru que vous etiez celle que je cherchais. Ah! vous etiez reellement
celle dont j'avais besoin alors, et que Dieu m'envoyait dans sa
misericorde. Je me cachai dans le feuillage, et je restai a vous
regarder pendant que vous passiez lentement. Vous teniez bien le livre,
mais de temps en temps vous leviez vers l'horizon un regard melancolique
et distrait, vous aussi vous sembliez n'etre pas heureuse, et s'il faut
que je vous dise tout, Fernande, il me semble encore que vous ne l'etes
pas autant que vous le meritez. Quand je vous raconte mes souffrances,
elles semblent trouver un echo dans votre coeur, et quand je vous dis
que l'amour est les premier des maux, plus souvent que le premier
des biens, vous me repondez: Oh! oui, avec un accent de douleur
inexprimable. Oh! ma bonne Fernande, si vous avez besoin d'un ami, d'un
frere, si je puis etre assez heureux pour vous rendre ce service, ou au
moins pour alleger vos peines en pleurant avec vous, initiez-moi a ces
saintes larmes, et que Dieu m'aide a vous rendre le bien que vous m'avez
fait.
De ce premier jour ou je vous ai vue, j'ai retrouve le courage de vivre
desespere; je venais tenter un dernier effort, resolu a mourir s'il
echouait. Le soir j'entrai dans le salon, et j'entendis votre entretien
avec Sylvia. La je connus toute votre ame, elle se revela a moi en peu
de mots; vous parliez d'amour malheureux; vous parliez de mourir. Vous
ne conceviez pas l'avenir solitaire que votre amie envisageait sans
frayeur. Oh! celle-ci est ma soeur, me disais-je en vous ecoutant; elle
pense comme moi qu'il faut etre aime ou mourir; son coeur est un refuge
que je veux implorer; la, du moins, je trouverai de la compassion, et si
elle ne peut me secourir, elle me plaindra, sa pitie descendra du ciel
comme la manne, et je la recevrai a genoux. Si je suis chasse d'ici, si
je dois renoncer a Sylvia, j'emporterai dans mon coeur le souvenir sacre
de cette amitie sainte, et je l'invoquerai dans mes souffrances. O
Fernande! pourquoi Sylvia est-elle si differente de vous? Ne pouvez-
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