oir publier sont celles qui etablissent certains faits et certains
sentiments necessaires a la suite et a la clarte des biographies; celles
qui ne servaient qu'a confirmer ces faits, ou qui les developpaient
avec la prolixite des relations familieres, ont ete retranchees avec
discernement. (_Note de l'editeur_.)]
XLIX.
DE SYLVIA A JACQUES.
Je te l'ai dit, Jacques, tu t'es trompe; Fernande est pure comme le
cristal; le coeur de cette enfant est un tresor de candeur et de
naivete. Pourquoi t'es-tu fait tant souffrir? Ne sais-tu pas qu'en de
certaines occasions il faut refuser le temoignage meme des yeux et des
oreilles? Pour moi, il y a encore des circonstances inexplicables dans
cette aventure, celle du bracelet, par exemple. Je n'ai pu trouver un
moyen d'interroger Fernande a cet egard; il eut fallu laisser percer
tes remarques et tes soupcons, et il ne faut pas que Fernande se doute
jamais que tu l'as condamnee sans l'entendre.
Mais comme son innocence dans tout le reste est aussi evidente pour moi
que le soleil, aussi prouvee que l'existence du monde, je crois pouvoir
assurer que tu t'es trompe en croyant entendre le mot de bracelet, et
que la marque du bijoutier n'a jamais existe que sur l'un des deux. S'il
y a quelque mystere a cet egard entre eux, sois sur qu'il est aussi
puerilement innocent que le reste. Reviens, je te raconterai tout, je te
donnerai sur tout les explications les plus satisfaisantes. Je sais ce
qu'ils s'ecrivaient, j'ai vu les lettres; je sais ce qu'ils se disaient,
Fernande m'a tout dit avec candeur: ce sont deux enfants. Fernande eut
agi d'une maniere imprudente avec un autre homme qu'Octave; mais Octave
a l'ingenuite et toute la loyaute d'un Suisse. Reviens, nous parlerons
de tout cela. Ne me demande pas pourquoi je ne t'ai pas dit qu'Octave
etait ici; je le savais, je l'avais reconnu sous un deguisement a la
derniere chasse au sanglier que nous avons faite. Il eut fallu, pour
te faire comprendre sa conduite etrange et romanesque, t'avouer que je
t'avais fait un petit mensonge en te disant qu'Octave avait renonce a
moi, et que nos liens etaient rompus d'un mutuel accord. Il est bien
vrai que j'avais rompu les miens, mais sans le consulter, et sans savoir
a quel point il souffrirait de ce parti. Tu me mandais que ma presence
te devenait necessaire. J'aimais encore Octave, mais sans enthousiasme
et sans passion. Ce que j'aime le mieux au monde, c'est toi, Jacques,
tu le sais; ma vie
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