dide avec ta robe blanche
et les cheveux blonds epars sur tes epaules, avec ton sourire affectueux
sur les levres, et tes grands yeux encore humides des larmes que tu
avais versees pour moi, il m'a semble voir une vierge de l'Elysee, et je
suis tombe a tes pieds comme devant un autel. Oh! comme tu as ecoute ma
douleur, comme tu as essuye mes larmes avec une ineffable tendresse! et
tu m'embrassais en pleurant toi-meme, o sublime imprudente! Mais quel
etre immateriel es-tu donc? et quelle puissance divine as-tu recue
d'en haut pour calmer les fureurs du desespoir avec les caresses qui
devraient les allumer? Tes levres etaient si fraiches sur mon front! Il
me semblait qu'un baume ineffable passait dans toutes mes arteres, et
que mon sang devenait aussi pur, aussi paisible que celui de tes enfants
endormis aupres de nous. Oh! qu'ils sont beaux, tes enfants, et combien
je les aime! Il y a deja sur le visage de ta fille un reflet de ton ame
virginale! Je te l'aurais enlevee, si tu m'avais chasse; je n'aurais pu
abandonner ce berceau ou je l'ai endormie si souvent; car mon ame se
brisait a l'idee de vivre seul et abandonne, moi qui, depuis huit mois,
vis d'affections ineffables. Avec toi, mon plus precieux tresor, que
de biens j'allais perdre: l'amitie de Sylvia, qui est si grande, si
eclairee, si belle! et celle de Jacques, que je paierais de mon sang!
Ou aurais-je retrouve des coeurs semblables? Qui m'aurait fait une vie
supportable loin de vous tous?
Benie sois-tu, ma Fernande! tu n'as pas voulu mon desespoir, et quand je
t'ai demande si tu croyais qu'il nous fut possible de vivre l'un pres de
l'autre sans danger, c'est Dieu qui a dicte ta reponse. Ah! ce _oui_!
comme tu l'as dit avec enthousiasme et avec confiance! il m'a frappe
d'une commotion electrique; je m'attendais si peu a cette parole
d'encouragement et de pardon! Un instant, un mot a suffi pour faire de
moi un autre homme. Puisque tu es sure de moi, je le suis aussi; c'etait
une lachete de fuir quand je pouvais me vaincre; et d'ailleurs est-ce
donc si difficile? Je ne concois plus pourquoi j'ai ete en proie a ces
agitations frenetiques; c'est que le danger est toujours plus terrible
de loin que de pres; c'est que, d'ailleurs, quand je croyais pouvoir
succomber et t'entrainer avec moi, je ne te connaissais pas; je te
prenais pour une femme comme les autres, et tu es une divinite qu'aucune
souillure humaine ne peut atteindre. Je ne pouvais m'imaginer qu'au lieu
de
|