re un moment au
bonheur serein du sage et reconnaitre en souriant ses domaines. Il n'est
pas jusqu'aux vers latins, adresses a son fils en tete du tableau, qui
n'aient du lui retracer un peu ses souvenirs poetiques de 95, un temps
plein de charme. Les anciens doutes et les combats religieux avaient
cesse en lui: ses inquietudes, du moins, etaient plus bas. Depuis
des annees, les chagrins interieurs, les instincts infinis, une
correspondance active avec son ancien ami le Pere Barret, le souffle
meme de la Restauration, l'avaient ramene a cette foi et a cette
soumission qu'il avait si bien exprimee en 1803, et dont il relut sans
doute de nouveau la formule touchante. Jusqu'a la fin, et pendant les
annees qui suivirent, nous l'avons toujours vu allier et concilier sans
plus d'effort, et de maniere a frapper d'etonnement et de respect, la
foi et la science, la croyance et l'espoir en la pensee humaine et
l'adoration envers la parole revelee.
Outre cette vue superieure par laquelle il saisissait le fond et le lien
des sciences, M. Ampere n'a cesse, a aucun moment, de suivre en detail,
et souvent de devancer et d'eclairer, dans ses apercus, plusieurs de
celles dont il aimait particulierement le progres. Des 1809, au sortir
de la seance de l'Institut du lundi 27 fevrier (j'ai sous les yeux sa
note ecrite et developpee), il n'hesitait pas, d'apres les experiences
rapportees par MM. Gay-Lussac et Thenard, et plus hardiment qu'eux, a
considerer le chlore (alors appele acide muriatique oxygene) comme un
corps simple. Mais ce n'etait la qu'un point. En 1816, il publiait dans
les _Annales de Chimie et de Physique_ sa classification naturelle des
corps simples, y donnant le premier essai de l'application a la
chimie des methodes qui ont tant profite aux sciences naturelles.
Il etablissait entre les proprietes des corps une multitude de
rapprochements qu'on n'avait point faits; il expliquait des phenomenes
encore sans lien, et la plupart de ces rapprochements et de ces
explications ont ete verifies depuis par les experiences. La
classification elle-meme a ete admise par M. Chevreul dans le
_Dictionnaire des Sciences naturelles_, et elle a servi de base a celle
qu'a adoptee M. Beudant dans son _Traite de Mineralogie_. Toujours
eclaire par la theorie, il lisait a l'Academie des Sciences, peu apres
sa reception, un memoire sur la double refraction, ou il donnait la
loi qu'elle suit dans les cristaux, avant que l'experience eut fait
con
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