naitre qu'il en existe de tels[122]. En 1824, le travail de M. Geoffroy
Saint-Hilaire sur la presence et la transformation de la vertebre dans
les insectes attira la sagacite, toujours prete, de M. Ampere, et lui
fit ajouter a ce sujet une foule de raisons et d'analogies curieuses,
qui se trouvent consignees au tome second des _Annales des Sciences
naturelles_[123]. Lorsque M. Ampere reproduisit cette vue en 1832, a son
cours du College de France, M. Cuvier, contraire en general a cette
maniere _raisonneuse_ d'envisager l'organisation, combattit au meme
College, dans sa chaire voisine, le collegue qui faisait incursion
au coeur de son domaine; il le combattit avec ce ton excellent de
discussion, que M. Ampere, en repondant, gardait de meme, et auquel il
ajoutait de plus une expression de respect, comme s'il eut ete quelqu'un
de moindre: noble contradiction de vues, ou plutot noble echange, auquel
nous avons assiste, entre deux grandes lumieres trop tot disparues! Si
une observation de M. Geoffroy Saint-Hilaire avait suggere a M. Ampere
ses vues sur l'organisation des insectes, la decouverte de M. Gay-Lussac
sur les proportions simples que l'on observe entre les volumes d'un gaz
compose et ceux des gaz composants, lui devenait un moyen de concevoir,
sur la structure atomique et moleculaire des corps inorganiques, une
theorie qui remplace celle de Wollaston[124]. De meme, une idee de
Herschel, se combinant en lui avec les resultats chimiques de Davy,
lui suggerait une theorie nouvelle de la formation de la terre. Cette
theorie a ete lucidement exposee dans cette _Revue_ meme _des Deux
Mondes_, en juillet 1833. On y peut prendre une idee de la maniere de ce
vaste et libre esprit: l'hypothese antique retrouvee dans sa grandeur,
l'hypothese a la facon presque des Thales et des Democrite, mais portant
sur des faits qui ont la rigueur moderne.
[Note 122: Nous noterons encore, pour completer ces indications de
travaux, un Memoire sur la loi de Mariotte, imprime en 1814; un Memoire
sur des proprietes nouvelles des axes de rotation des corps, imprime
dans le Recueil de l'Academie des Sciences; un autre sur les equations
generales du mouvement, dans le Journal de Mathematiques de M. Liouville
(juin 1836).]
[Note 123: _Annales des Sciences naturelles_, t. II, page 295. M. N...
n'est autre que M. Ampere.]
[Note 124: On la trouve dans la _Bibliotheque universelle_, t. XLIX,
et en analyse dans un rapport de M. Becquerel (_Revue e
|