lle la peine, servira
de marchepied a quelqu'un pour se faire voir et perorer. Trop heureux
si, derriere notre pierre, le lache et le mechant ne s'abritent pas pour
lancer leurs fleches, comme Paris cache derriere le tombeau d'Ilus!"
M. AMPERE
Le vrai savant, l'_inventeur_, dans les lois de l'univers et dans les
choses naturelles, en venant au monde est doue d'une organisation
particuliere comme le poete, le musicien. Sa qualite dominante, en
apparence moins speciale, parce qu'elle appartient plus ou moins a
tous les hommes et surtout a un certain age de la vie ou le besoin
d'apprendre et de decouvrir nous possede, lui est propre par le degre
d'intensite, de sagacite, d'etendue. Chercher la cause et la raison des
choses, trouver leurs lois, le tente, et la ou d'autres passent avec
indifference ou se laissent bercer dans la contemplation par le
sentiment, il est pousse a voir au dela et il penetre. Noble faculte
qui, a ce degre de developpement, appelle et subordonne a elle toutes
les passions de l'etre et ses autres puissances! On en a eu, a la fin
du XVIIIe siecle et au commencement du notre, de grands et sublimes
exemples; Lagrange, Laplace, Cuvier et tant d'autres a des rangs
voisins, ont excelle dans cette faculte de trouver les rapports eleves
et difficiles des choses cachees, de les poursuivre profondement, de les
coordonner, de les rendre. Ils ont a l'envi recule les bornes du connu
et repousse la limite humaine. Je m'imagine pourtant que nulle part
peut-etre cette faculte de l'intelligence avide, cet appetit du savoir
et de la decouverte, et tout ce qu'il entraine, n'a ete plus en saillie,
plus a nu et dans un exemple mieux demontrable que chez M. Ampere qu'il
est permis de nommer tout a cote d'eux, tant pour la portee de toutes
les idees que pour la grandeur particuliere d'un resultat. Chez ces
autres hommes eminents que j'ai cites, une volonte froide et superieure
dirigeait la recherche, l'arretait a temps, l'appesantissait sur des
points medites, et, comme il arrivait trop souvent, la suspendait pour
se detourner a des emplois moindres. Chez M. Ampere, l'idee meme etait
maitresse. Sa brusque invasion, son accroissement irresistible, le
besoin de la saisir, de la presser dans tous ses enchainements, de
l'approfondir en tous ses points, entrainaient ce cerveau puissant
auquel la volonte ne mettait plus aucun frein. Son exemple, c'est
le triomphe, le surcroit, si l'on veut, et l'indiscretion de l'idee
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