bondantes que nous avons sous
les yeux, et qui comprennent les deux annees qui suivirent, jusqu'a la
mort de sa femme, representent pour nous, avec un interet aussi intime
et dans une revelation aussi naive, le journal qui preceda le mariage
et qui ne reprend qu'aux approches de la mort. Toute la serie de ses
travaux, de ses projets, de ses sentiments, s'y fait suivre sans
interruption. A peine arrive a Bourg, il mit en etat le cabinet de
physique, le laboratoire de chimie, et commenca du mieux qu'il put, avec
des instruments incomplets, ses experiences. La chimie lui plaisait
surtout: elle etait, de toutes les parties de la physique, celle qui
l'invitait le plus naturellement, comme plus voisine des causes. Il s'en
exprime avec charme: "Ma chimie, ecrit-il, a commence aujourd'hui: de
superbes experiences ont inspire une espece d'enthousiasme. De douze
auditeurs, il en est reste quatre apres la lecon, je leur ai assigne
des emplois, etc." Parmi les professeurs de Bourg, un seul fut bientot
particulierement lie avec lui; M. Clerc, professeur de mathematiques,
qui s'etait mis tard a cette science, et qui n'avait qu'entame les
parties transcendantes, mais homme de candeur et de merite, devint le
collaborateur de M. Ampere dans un ouvrage qui devait avoir pour titre:
_Lecons elementaires sur les series et autres formules indefinies_. Cet
ouvrage, qui avait ete mene presque a fin, n'a jamais paru. C'est vers
ce temps que M. Ampere lut dans le _Moniteur_ le programme du prix de
60,000 francs propose par Bonaparte, en ces termes: "Je desire donner
en encouragement une somme de 60,000 francs a celui qui, par ses
experiences et ses decouvertes, fera faire a l'electricite et au
galvanisme un pas comparable a celui qu'ont fait faire a ces sciences
Franklin et Volta,... mon but special etant d'encourager et de fixer
l'attention des physiciens sur cette partie de la physique, qui est, a
mon sens, le chemin des grandes decouvertes." M. Ampere, aussitot cet
exemplaire du _Moniteur_ recu de Lyon, ecrivait a sa femme: "Mille
remerciments a ton cousin de ce qu'il m'a envoye, c'est un prix de
60,000 francs que je tacherai de gagner quand j'en aurai le temps. C'est
precisement le sujet que je traitais dans l'ouvrage sur la physique que
j'ai commence d'imprimer; mais il faut le perfectionner, et confirmer ma
theorie par de nouvelles experiences." Cet ouvrage, interrompu comme le
precedent, n'a jamais ete acheve. Il s'ecrie encore avec cette b
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