age lui donna une fille. Cette lettre de M.
Ballanche, au reste, sera la derniere piece confidentielle que nous
nous permettrons: elle termine pour nous la jeunesse de M. Ampere. En
avancant dans le recit d'une vie, ces sortes de confidences, moins
essentielles, moins gracieuses, nous semblent aussi moins permises. La
pudeur de l'homme mur a quelque chose de plus inviolable, et c'est le
travail surtout qui marque le milieu de la journee. Dans le recit d'une
vie comme dans la vie meme, les sentiments emus, cette brise du matin,
ne reparaissent convenablement qu'au soir.
Quoi qu'il en ait dit dans la note citee plus haut, M. Ampere, si
fortement occupe de metaphysique, ne s'y livrait pas exclusivement. Les
mathematiques et les sciences physiques ne cessaient de partager son
zele. Six memoires sur differents sujets de mathematiques inseres tant
dans le _Journal de l'Ecole polytechnique_ que dans le Recueil de
l'Institut (des savants etrangers), determinerent le choix que fit de
lui, en 1814, l'Academie des Sciences pour remplacer M. Bossut. Nomme
secretaire du Bureau consultatif des Arts et Manufactures (mars 1806),
il suivait assidument les travaux de ce comite, et ne devint secretaire
honoraire que lorsqu'il eut donne sa demission en faveur de M. Thenard,
dont la position alors etait moins etablie que la sienne. Il fut de
plus successivement nomme inspecteur general de l'Universite (1808), et
professeur d'analyse et de mecanique a l'Ecole polytechnique (1809),
ou il n'avait ete jusque-la qu'a titre de repetiteur, professant par
interim. En un mot, sa vie de savant s'etendait sur toutes les bases.
Dans l'histoire des sciences physico-mathematiques, comme va le faire
connaitre M. Littre, la memoire de M. Ampere est a jamais sauvee de
l'oubli, a cause de sa grande decouverte sur l'electro-magnetisme en
1820. Dans l'histoire de la philosophie, pourquoi faut-il que ce grand
esprit, qui s'est occupe de metaphysique pendant plus de trente ans, ne
doive vraisemblablement laisser qu'une vague trace? M. Maine de Biran
lui-meme, le metaphysicien profond pres de qui il se place, n'a laisse
qu'un temoignage imparfait de sa pensee dans son ancien traite de
_l'Habitude_ et dans le recent volume publie par M. Cousin[120]. Apres M.
de Tracy, a cote de M. de Biran, M. Ampere venait pourtant a merveille
pour reparer une lacune. M. Cousin a remarque que ce qui manque a
la philosophie de M. de Biran, ou la _volonte_ rehabilitee joue le
pr
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