ver les nuances. M. Royer-Collard reprouva
hautement l'article pour lequel M. Dubois fut mis en cause et condamne,
quelques mois avant juillet 1830. M. Cousin lui-meme, bien que plus
rapproche du journal par son age et par ses amis, s'en separait crument
dans la conversation; il ne repondait pas de ses disciples, il censurait
leur marche, et savait marquer plus d'un defaut avec quelque trait de
cette verve incomparable qu'on lui pardonne toujours, et que _le Globe_
ne lui paya jamais qu'en respects.
Si l'on examine enfin l'allure et le langage du _Globe_ depuis qu'il
devint expressement politique, c'est-a-dire sous les ministeres
Martignac et Polignac, on y trouve une hardiesse, une fermete de ton
qu'aucun organe de l'opposition d'alors n'a surpassees. Le ministere
Martignac y fut attaque de bonne heure avec une exigence dont MM. de
Remusat, Duchatel et Duvergier de Hauranne ont quelque droit aujourd'hui
de s'etonner. La question des Jesuites et de la liberte absolue
d'enseignement preta jusqu'au bout, sous la plume de M. Dubois, a une
controverse, excentrique si l'on veut, et par trop chevaleresque pour le
moment, mais du moins aussi peu doctrinaire que possible. M. de Remusat,
qui traita presque seul la politique des derniers mois avant Juillet,
durant la prison de M. Dubois, ne detourna pas un seul instant le
journal de la ligne extreme ou il etait lance; vers cette fin de la
lutte, toutes les pensees n'en faisaient qu'une pour la delivrance, il
semblait meme qu'il y eut dans cette redaction du _Globe_ des vues et
des ressources d'avenir plus vastes qu'ailleurs. Quand M. Thiers, au
debut du _National_, developpait sa theorie constitutionnelle, et venait
professer Delorme comme resume de son Histoire de la Revolution, ces
articles ingenieux etaient regardes comme de purs jeux de forme et
des fictions un peu vaines au prix de la grande question populaire
et sociale; et ce n'etait pas M. Dubois seulement qui jugeait ainsi,
c'etait M. Duchatel ou tout autre. S'il y avait alors dissidence
marquee, division au _Globe_ en quelque matiere, cette dissidence
portait, le dirai-je? sur la question dite romantique. L'ecole
romantique des poetes ne put jamais faire irruption au _Globe_, et
le gagner comme organe a elle; mais elle y avait des allies et des
intelligences. M. Leroux, M. Magnin, et celui qui ecrit ces lignes,
penchaient plus ou moins du cote novateur en poesie; MM. Dubois,
Duvergier, de Remusat, et l'ensemble de la r
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