_Globe_ par la
subtilite de son esprit, par ses habitudes et ses liens de societe, ne
toucha longtemps que des sujets de pure litterature et de poesie; ce
qu'il faisait avec une souplesse bien elegante. M. Duvergier de Hauranne
n'avait pas a un moindre degre la preoccupation litteraire, et son zele
spirituel s'attaquait, dans l'intervalle de ses voyages d'Italie et
d'Irlande, a des points delicats de la controverse romantique. Ce n'est
guere a M. Magnin toujours net et progressif, ou a M. Ampere survenu
plus tard et adonne aux excursions studieuses, qu'on imputera un role
dans la pretendue ligue. _Le Globe_ n'a pas ete fonde et n'a pas grandi
sous le patronage des doctrinaires, c'est-a-dire des trois ou quatre
hommes eminents a qui s'adressait alors ce nom. La bourse de M.
Lachevardiere, l'idee de M. Leroux, l'impulsion de M. Dubois, voila les
donnees primitives; des jeunes gens pauvres, des talents encore obscurs,
des proscrits de l'Universite, ce furent les vrais fondateurs; la
generation des salons qui s'y joignit ensuite n'etouffa jamais l'autre.
Le public, qui aime a faire le moins de frais possible en renommee, et
qui est dur a accepter des noms nouveaux, voyant _le Globe_ surgir,
tenta d'en expliquer le succes, et presque le talent, par l'influence
invisible et supreme de quelques personnages souvent cites. Ces
personnages etaient sans doute bienveillants au _Globe_, mais cette
bienveillance, temperee de blame frequent ou meme d'epigrammes legeres,
ne justifiait pas l'honneur qu'on leur en faisait. Financierement,
lorsqu'en 1828, _le Globe_ devenant tout a fait politique, M.
Lachevardiere retira ses capitaux, M. Guizot, seul parmi les
doctrinaires d'alors, prit une action. M. de Broglie aida au
cautionnement; mais c'etait un simple placement de fonds sans enjeu.
Du reste, occupes de leurs propres travaux, ces messieurs n'ont jamais
contribue de leur plume a l'illustration du journal; une seule fois,
s'il m'en souvient, M. Guizot ecrivit une colonne officieuse sur un
tableau de M. Gerard; peut-etre a-t-il recidive pour quelque autre cas
analogue, mais c'est tout. M. de Barante n'a fait qu'un seul article; M.
de Broglie n'y a jamais ecrit. Les pretendus patrons hantaient si peu ce
lieu-la, qu'il a ete possible a l'un des redacteurs assidus de n'avoir
pas, une seule fois durant les six ans, l'honneur d'y rencontrer leur
visage. La verdeur de certains articles allait, de temps a autre,
eveiller leur severite et ravi
|