. Eh bien, mais... en quoi
cette nouvelle peut-elle m'interesser?
--Vous dites, dit Ponte-Maggiore abasourdi.
--Je dis: qu'est-ce que cela peut me faire que Mme Fausta soit vivante?
repeta le chevalier, d'un air si ingenument etonne que Ponte-Maggiore
murmura:
"Oh! mais!... il ne l'aime pas?... Mais, alors, ceci change bien des
choses!"
Pardaillan reprit:
--Ou se trouve la princesse Fausta, en ce moment?
--La princesse est en route pour l'Espagne.
--L'Espagne! songea Pardaillan, le pays de l'Inquisition!... Le genie
tenebreux de Fausta devait se tourner vers cette sombre institution de
despotisme...
--La princesse porte a Sa Majeste Catholique un document qui doit
assurer le trone de France a Philippe d'Espagne.
--Le trone de France?... Peste! monsieur. Et qu'est-ce donc, je vous
prie, que ce document qui livre ainsi tout un pays?
--Une declaration du feu Henri troisieme, reconnaissant Philippe II pour
unique heritier.
--Est-ce tout ce que vous aviez a me dire de la part de Sa Saintete?
--C'est tout, monsieur.
--En ce cas, veuillez m'excuser, monsieur. S. M. le roi Henri m'attend.
Veuillez transmettre a Sa Saintete l'expression de ma reconnaissance
pour le precieux avis qu'elle a bien voulu me faire passer.
Henri IV avait accueilli la communication de Ponte-Maggiore avec une
impassibilite toute royale, mais, en realite, le coup etait terrible et,
a l'instant, il avait entrevu les consequences funestes qu'il pouvait
avoir pour lui.
Il avait aussitot convoque en conseil secret ceux de ses fideles qu'il
avait sous la main, et, lorsque le chevalier fut introduit, il trouva
aupres du roi Rosny du Bartas, Sancy et Agrippa d'Aubigne.
Des que le chevalier eut pris place, le roi, qui n'attendait que lui,
fit un resume de son entretien avec Ponte-Maggiore. Pardaillan, qui
savait a quoi s'en tenir, n'avait pas bronche. Mais, chez les quatre
conseillers, ce fut un moment de stupeur indicible aussitot suivi de
cette explosion:
--Il faut detruire le parchemin!...
Seul, Pardaillan ne dit rien. Alors, le roi, qui ne le quittait pas des
yeux:
--Et vous, monsieur de Pardaillan, que dites-vous?
--Je dis comme ces messieurs, sire: il faut le reprendre, ou c'en est
fait de vos esperances, dit froidement le chevalier.
Le roi approuva d'un signe de tete, et, fixant le chevalier comme s'il
eut voulu lui suggerer la reponse qu'il souhaitait, il murmura:
--Quel sera l'homme assez fort, assez au
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