esse n'en seront pas plus
riches. Alors...
--Parfait! madame, c'est encore une raison que je comprends
admirablement. J'accepte donc d'etre votre messager. Veuillez,
maintenant, me mettre au courant.
--En peu de mots, monsieur, voici: il s'agit d'une declaration de
Henri III, reconnaissant Philippe comme son seul heritier... Cette
declaration, la princesse la porte au roi d'Espagne, M. de Pardaillan
doit s'en emparer pour le compte de Henri de Navarre, et, vous, vous
devez avertir Fausta, l'aider et la defendre... Et ceci me fait penser
qu'il serait peut-etre utile que... vous fussiez seconde par quelques
bonnes epees.
--J'y pensais aussi, madame, dit Bussi en souriant.
Je vais donc partir et tacherai de recruter quelques solides compagnons.
Que devrai-je dire a la princesse de votre part?
--Simplement que c'est moi qui vous ai envoye a elle et que je suis
toujours son humble servante.
--Madame, je vous dis adieu, dit Bussi en s'inclinant.
Au point du jour, il trottait sur la route d'Orleans et, tout en
trottant, songeait:
"Bussi, vous avez ete un des piliers de la Ligue... un des plus fermes
soutiens des ducs de Guise et de Mayenne... un des chefs les plus actifs
et les plus influents du conseil de l'Union... gouverneur de la Bastille
ou vous avez su amasser une fortune honorable... Vous avez ete en
correspondance directe avec les principaux ministres de Philippe et un
des premiers a accueillir et soutenir les pretentions de ce souverain
au trone de France... Pour tout dire, vous avez ete un personnage avec
lequel il fallait compter. Et maintenant? Que suis-je maintenant? La
deconvenue s'est appesantie sur le pauvre Leclerc! Il a fallu rendre le
gouvernement de la Bastille, quitter precipitamment Paris, se cacher, se
terrer, tete et ventre! moi, Bussi! Avec la perspective d'etre pendu si
je tombe aux mains de Mayenne, ecartele si je suis pris par le Bearnais!
"Donc, l'effondrement de ma situation politique est complet... Il est
vrai que j'ai la consolation d'avoir sauve une partie de ma fortune
que j'avais eu la prevoyante idee de mettre a l'abri. Et voila que, au
moment precis ou tout croule sous moi, au moment ou je n'ai plus d'autre
solution que de me retirer a l'etranger et d'y vivre obscur et oublie,
a ce moment survient cette brave, cette excellente, cette digne abbesse
qui me remet le pied a l'etrier, qui me donne le moyen de me refaire une
situation magnifique aupres de Philippe, car je n'au
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