es, qui sont
Francais, eux, et qui, croyez-moi, se soucient de la sauvegarde d'un
grand inquisiteur comme Bussi-Leclerc se soucie d'un coup d'epee.
A ce moment, le voyageur de la plaine, que Fausta ne perdait pas de vue
tout en s'entretenant avec Leclerc, etait arrive au bas de la montagne
et avait disparu a un tournant.
--Je crois que vous avez raison, monsieur, dit enfin Fausta. J'accepte
donc le secours que vous m'amenez. Qui sont ces braves gentilshommes?
--Trois des plus braves et des plus intrepides parmi les Quarante-Cinq:
M. de Sainte-Maline, M. de Chalabre, M. de Montsery.
Fausta connaissait-elle ces trois noms?... Savait-elle le role que
la rumeur publique leur attribuait dans la mort tragique du duc de
Guise?... C'est probable.
Aussi, au salut profondement respectueux des trois, elle repondit avec
un sourire:
--Je tacherai, messieurs, que le service de la princesse Fausta ne vous
fasse pas trop regretter celui de feu S. M. le roi Henri III.
Et, a Bussi-Leclerc:
--Et vous, monsieur? Entrez-vous aussi au service de Fausta?
S'il y avait une ironie dans cette question, Bussi-Leclerc ne la percut
pas, tant elle fut faite naturellement.
--Veuillez m'excuser, madame, je desire reserver mon independance pour
quelque temps. Toutefois, j'aurai l'honneur de vous accompagner a la
cour du roi Philippe, ou j'ai affaire moi-meme.
--Oh! oh! dit Fausta, d'ailleurs tres calme, le roi de Navarre
enverrait-il contre nous un corps d'armee?... Le pauvre sire n'a
pourtant pas trop de troupes pour conquerir ce royaume de France qui lui
fait si fort envie!
--Plut a Dieu qu'il en fut ainsi, madame! Non, ce n'est pas un corps
d'armee qui marche contre vous!... C'est un homme, un homme seul... qui
va fondre sur vous... c'est Pardaillan!...
--Le voici! dit Fausta, froidement. Et, du doigt elle designait le
cavalier qui s'avancait a leur rencontre.
--Pardaillan! rugit Bussi-Leclerc.
--Pardaillan! enfin!... gronda Montalte.
Ils etaient la cinq gentilshommes, braves tous les cinq, ayant fait
leurs preuves en maint duel, en maint combat. Pardaillan apparaissait et
ils se regarderent et se virent livides...
Lui, cependant, seul, droit sur la selle, un sourire narquois aux
levres, s'avancait paisiblement.
Et, quand il ne fut plus qu'a deux pas de Fausta, d'un meme mouvement,
les cinq mirent l'epee a la main et se disposerent a charger.
--Arriere!... Tous!... cria Fausta.
Et sa voix etait si dure, s
|