orce, n'est-ce pas?
--J'espere que l'illustre princesse m'epargnera cette dure necessite,
fit le religieux en s'inclinant.
Fausta sortit de son sein le fameux parchemin, et sans le donner:
--Avant de ceder, repondez a cette question: que fera-t-on de moi apres?
--Vous serez libre, madame, entierement libre!
--Le jureriez-vous sur ce christ?
--Il est inutile de jurer, dit derriere elle une voix: Ma parole doit
vous suffire, et vous l'avez, madame.
Fausta se retourna vivement et se trouva en face de Espinosa, entre sans
bruit par quelque porte secrete.
D'une voix cinglante, en le dominant du regard:
--Quelle foi puis-je avoir en votre parole, cardinal, alors que vous
agissez comme un laquais?
--De quoi vous plaignez-vous, madame? fit Espinosa avec un calme
terrible. Je ne fais que vous retourner les procedes que vous avez
employes envers nous. Ce document, Montalte, avec mon autorisation,
l'avait confie a votre loyaute et vous deviez nous le restituer. Vous,
cependant, abusant de notre confiance, vous avez essaye de nous vendre
ce qui nous appartient et, ayant echoue dans cette tentative, vous avez
resolu de le garder, dans l'espoir, sans doute, de le vendre a d'autres.
Comment qualifiez-vous votre procede, madame?
--Je le disais bien: vous avez l'ame d'un laquais, dit Fausta avec un
mepris ecrasant. Apres l'avoir violentee, vous insultez une femme.
--Malheur a celui qui cherche a contrecarrer les entreprises de
la sainte Inquisition! reprit Espinosa. Celui-la sera brise
impitoyablement. Allons, madame, donnez-moi ce document qui nous
appartient!
--Je cede, dit Fausta, mais vous paierez cher et vos insultes et la
violence que vous me faites.
--Menaces vaines, madame, fit Espinosa en s'emparant du parchemin.
J'agis pour le bien de l'Etat, le roi ne pourra que m'approuver. Et,
quant a ce document, je dois des remerciements a M. de Pardaillan, qui
nous le livre.
--Remerciez-le donc tout de suite, en ce cas, fit une voix railleuse.
D'un meme mouvement, Fausta et Espinosa se retournerent et virent
Pardaillan qui, le dos appuye a la porte, les contemplait avec son
sourire narquois.
Ni Fausta ni Espinosa ne laisserent paraitre aucune marque de surprise.
Le dominicain et les deux moines echangerent un furtif coup d'oeil;
mais, dresses a n'avoir d'autre volonte, d'autre intelligence que celles
de leur superieur, ils resterent immobiles.
--Enfin Espinosa, d'un air tres naturel:
--Monsieur
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