ins, resta impassible.
--L'escorte de Mme la princesse Fausta! commanda Espinosa d'une voix
breve.
Fausta regardait et ecoutait avec son calme habituel.
Pardaillan s'appuya nonchalamment a la porte par ou il etait entre et un
sourire d'orgueil illumina ses traits a la vue des precautions prises
contre lui! Et, cependant, dans la sincerite de son ame, il se
gratifiait liberalement des invectives les plus violentes.
Mais, par un revirement naturel chez lui, apres s'etre admoneste, son
insouciance reprenant le dessus:
--Bah! apres tout, je ne suis pas encore mort!... et j'en ai vu bien
d'autres!
Et il sourit de son air narquois.
Espinosa, se meprenant sans doute sur la signification de ce sourire,
continuait de son air toujours paisible:
--Voulez-vous ouvrir la porte sur laquelle vous vous appuyez, monsieur
de Pardaillan?
Sans mot dire, Pardaillan fit ce qu'on lui demandait.
Derriere la porte se dressait maintenant une cloison de fer. Toute
retraite etait coupee par la. Pardaillan, alors, guigna la fenetre.
Au meme instant, au milieu du silence qui planait sur cette scene
fantastique, un leger declic se fit entendre et une demi-obscurite se
repandit sur la piece.
Espinosa fit un signe. Un des moines ouvrit la fenetre: comme la porte,
elle etait maintenant muree exterieurement par un rideau de fer. A ce
moment, Chalabre, Montsery et Sainte-Maline parurent dans le couloir.
--Madame, fit Espinosa, voici votre escorte. Vous etes libre.
--Au revoir, madame, repondit Pardaillan en la regardant en face.
Espinosa la reconduisit, et, en traversant la piece secrete ou les
sbires faisaient la haie, a voix basse:
--J'espere qu'il ne sortira pas vivant d'ici, dit froidement Fausta.
Si cuirasse que fut le grand inquisiteur, il ne put s'empecher de
fremir.
--C'est cependant pour vous, madame, qu'il s'est mis dans cette
situation critique, fit-il avec une sorte de rudesse inaccoutumee chez
lui.
--Qu'importe! fit Fausta. Etes-vous donc d'un esprit assez faible pour
vous laisser arreter par des considerations de sentiment?
--Je croyais que vous l'aimiez? dit Espinosa en la fixant attentivement.
Ce fut au tour de Fausta de fremir.
--C'est precisement pour cela que je souhaite ardemment sa mort!
rala-t-elle dans un souffle.
Espinosa la contempla une seconde sans repondre, puis s'inclinant
ceremonieusement:
--Que Mme la princesse Fausta soit reconduite avec les honneurs qui lui
sont dus,
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