'il avait si admirablement
machine?... Ce n'est pas sur! La diplomatie de ce pretre est lente et
tortueuse. Moi seule, j'ose vouloir et je sais aller droit au but... Lui
aussi!... Pourquoi ne veut-il etre a moi?... Que ne ferions-nous pas si
nous etions unis?..."
Sa pensee eut une nouvelle orientation en songeant a Philippe II:
"L'impression que j'ai produite sur le roi m'a paru Profonde...
Sera-t-elle durable? Alors que j'esperais l'eblouir par l'elevation de
mes conceptions, ma beaute seule a paru impressionner cet orgueilleux
vieillard. Eh bien, soit... L'amour est une arme comme une autre et par
lui on peut mener un homme... surtout quand cet homme est affaibli par
l'age."
Et, revenant a ce qui etait le fond de sa pensee:
"Toutes mes rencontres avec Pardaillan me sont fatales... Si Pardaillan
revoit Philippe, cet amour du roi s'eteindra aussi vite qu'il s'est
allume. Pourquoi?... Comment?... Je n'en sais rien! mais cela sera,
c'est ineluctable... Il faut donc que Pardaillan meure!..."
Encore un coup une saute dans sa pensee:
"Myrthis!... Ou peut etre Myrthis en ce moment? Et mon fils?... Ils
doivent etre en France maintenant. Comment les retrouver?... Qui envoyer
a la recherche de mon enfant! Je cherche vainement, nul ne me parait
assez sur."
Et, avec un accent intraduisible:
"Fils de Pardaillan!... Si ton pere t'ignore, si ta mere t'abandonne,
que seras-tu? que deviendras-tu?..."
Longtemps elle resta, ainsi a songer. Enfin, elle fit venir son
intendant, lui donna des instructions et demanda:
--Monsieur le cardinal Montalte est-il la?
--Son Eminence n'est pas encore rentree, madame.
Fausta fronca le sourcil et elle reflechit.
"Cette disparition est etrange... Montalte me trahirait-il? Ne
lui a-t-on pas plutot tendu quelque embuche? Il doit y avoir de
l'Inquisition la-dessous... J'aviserai..."
--Messieurs de Sainte-Maline, de Chalabre et de Montsery?
interrogea-t-elle, tout haut.
--Ces messieurs sont avec le sire de Bussi-Leclerc qui sollicite la
faveur d'etre recu.
--Faites entrer au salon le sire de Bussi-Leclerc, avec mes
gentilshommes.
L'intendant sortit. Fausta entra au salon, et prit place dans un
fauteuil monumental et somptueux comme un trone, en une de ces attitudes
de charme et de grace dont elle avait le secret, et attendit.
Quelques instants plus tard, Bussi-Leclerc et les trois "ordinaires"
s'inclinaient respectueusement devant elle.
Cette superbe assurance so
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