inosa en se levant, vous etes moins
grievement atteint que le duc de Ponte-Maggiore; je le confie a vos bons
soins. Il n'y a pas un instant a perdre; il faut que vous soyez sur pied
le plus tot possible. Songez que vous avez affaire a un rude lutteur,
qui, pendant que vous etes Cloues ici, par votre faute, ne perd pas son
temps, lui. Au revoir, messieurs.
Et Espinosa sortit de son pas lent et grave.
Suivant la promesse du grand inquisiteur, Fausta, escortee de
Sainte-Maline, Montsery et Chalabre, avait quitte l'Alcazar avec tous
les honneurs dus a son rang.
Fausta aimait a s'entourer d'un luxe inoui partout ou elle allait. A
cet effet, elle semait l'or a pleines mains. Le luxe fabuleux dont elle
s'entourait faisait partie d'un systeme, un peu theatral, savamment
etudie. C'etait comme une sorte de mise, en scene eblouissante destinee
a frapper l'imagination de ceux qui l'approchaient, tout en mettant en
relief sa beaute.
A Seville, Fausta s'etait fait immediatement amenager une demeure
somptueuse ou s'entassaient les meubles precieux, les tentures
chatoyantes, les bibelots rares, les toiles de maitres les plus reputes
de l'epoque. Ce fut dans cette demeure que sa litiere la conduisit.
Rentree chez elle, ses femmes la depouillerent du fastueux costume de
cour qu'elle avait revetu pour sa visite a Philippe II, et lui passerent
une ample robe de lin fin, tout unie et d'une blancheur immaculee.
Ainsi vetue, elle se retira dans sa chambre a coucher, piece ou nul ne
penetrait et qui contrastait etrangement, par sa simplicite, avec les
splendeurs qui l'environnaient.
La, sure que nul oeil indiscret ne pouvait l'epier, elle sortit de son
sein la declaration de Henri III que Espinosa avait failli lui enlever.
Elle la considera longtemps d'un air reveur, puis elle l'enferma dans
un petit etui a fermoir secret qu'elle placa dans un tiroir habilement
dissimule au fond d'un coffre en chene massif.
Ces precautions prises, elle s'assit et, sans que son visage perdit
rien de ce calme majestueux qu'elle devait a une longue etude, elle
reflechit:
"Ainsi, j'ai rencontre Pardaillan chez Philippe, et cette rencontre a
suffi pour me faire trebucher encore!"
Et, avec un sourire indefinissable:
"Il est vrai que Pardaillan lui-meme est venu me delivrer!... Il
est vrai que, si Espinosa est bien l'homme que je crois, le geste
chevaleresque de Pardaillan lui coutera la vie... Mais Espinosa
osera-t-il profiter du traquenard qu
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