arme d'un petit poignard et d'une
voix calme:
--Un pas de plus et je frappe, dit-elle. Je vous avertis, mon reverend,
que la lame de ce poignard est empoisonnee et que la moindre piqure
suffit pour amener une mort effroyable. Le dominicain s'arreta net, et
un sourire enigmatique passa sur ses levres.
Fausta devina plutot qu'elle ne vit ce sourire. Elle eut un rapide
regard circulaire et se vit seule avec le religieux.
Elle fit un pas en avant, le bras leve, et:
--Place! dit-elle imperieusement, ou tu es mort!
--Vierge sainte! clama le dominicain, oseriez-vous frapper un inoffensif
serviteur de Dieu?
--Ouvre la porte alors, dit froidement Fausta.
--J'obeis, madame, j'obeis, fit le religieux d'une voix tremblante,
tandis qu'avec une maladresse visible il s'efforcait vainement d'ouvrir
la porte.
--Traitre! gronda Fausta, qu'esperes-tu donc?
Et elle leva le bras d'un geste foudroyant.
Au meme instant, par-derriere, deux poignes vigoureuses saisirent le
poing leve, tandis que deux autres tenailles vivantes paralysaient son
bras gauche.
Sans opposer une resistance qu'elle comprenait inutile, elle tourna la
tete et se vit aux mains de deux moines tailles en athletes. Ses yeux
firent le tour du cabinet. Rien ne paraissait derange. La petite porte
etait toujours fermee. Par ou etaient-ils entres? Evidemment le cabinet
possedait une, peut-etre plusieurs issues secretes.
Spontanement, elle laissa tomber le poignard, inutile maintenant. L'arme
disparut, subtilisee, escamotee avec une promptitude et une adresse
rares, et, des qu'elle fut desarmee, les deux moines, avec un ensemble
d'automates, la lacherent, reculerent de deux pas, passerent leurs
mains noueuses dans leurs manches et s'immobiliserent dans une attitude
meditative.
Le dominicain se courba devant elle avec un respect ou elle crut demeler
elle ne savait quoi d'ironique et de menacant, et de sa voix calme et
paisible:
--L'illustre princesse voudra bien excuser la violence que j'ai ete
contraint de lui faire, dit-il. Sa haute intelligence comprendra, je
l'espere, que je n'y suis pour rien...
Sans manifester ni colere ni depit, avec un dedain qu'elle ne chercha
pas a cacher, Fausta approuva.
Et, s'adressant au dominicain, tres calme:
--Que voulez-vous de moi?
--J'ai eu l'honneur de vous le dire, madame: le parchemin que vous avez
la...
Et, du doigt, le dominicain montrait le sein de Fausta.
--Vous avez ordre de le prendre de f
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