l se retourna vivement et s'exclama
sourdement:
--Hercule Sfondrato!
--Moi-meme, Montalte. Ne m'attendais-tu pas?
Le dominicain les considera une seconde d'un air etrange et, sans fermer
la porte, il s'eloigna discretement et rattrapa Fausta.
--Que veux-tu? gronda Montalte en tourmentant le manche de sa dague...
--Te parler... il me semble que nous avons des choses interessantes a
nous dire. N'est-ce pas ton avis aussi?
--Oui, dit Montalte, avec un regard sanglant, mais... plus tard... J'ai
autre chose a faire pour le moment.
Et il voulut passer, courir apres Fausta qu'une secrete intuition lui
disait etre en danger.
Pour la deuxieme fois, la main de Ponte-Maggiore s'abattit sur son
epaule, et, d'une voix blanche de fureur, en plein visage:
--Tu vas me suivre a l'instant, Montalte, menaca-t-il, ou je te
soufflette devant toute la cour!
--C'est bien, fit Montalte, livide, je te suis... Mais malheur a toi!...
Et, s'arrachant a l'etreinte, il suivit Ponte-Maggiore en grondant de
sourdes menaces, abandonnant Fausta au moment ou, peut-etre, elle avait
besoin de son bras.
Fausta avait continue son chemin sans rien remarquer, et, au bout d'une
cinquantaine de pas, le dominicain ouvrit une deuxieme porte et s'effaca
comme il avait deja fait. Elle penetra dans la piece, et alors seulement
s'apercut que Montalte ne l'accompagnait plus.
--Ou est le cardinal Montalte? fit-elle sans trouble comme sans
surprise.
--Au moment de penetrer dans le couloir Son Eminence a ete arretee par
un seigneur qui avait sans doute une communication urgente a lui faire,
repondit le dominicain avec un calme parfait.
--Ah! fit simplement Fausta.
Et son oeil profond scruta avec une attention soutenue le visage
impassible du religieux et fit le tour de la piece qu'il etudia
rapidement. C'tait un cabinet de dimensions moyennes, meuble de quelques
sieges et d'une table de travail placee devant l'unique fenetre qui
l'eclairait. Tout un cote de la piece etait occupe par une vaste
bibliotheque sur les rayons de laquelle de gros volumes et des
manuscrits etaient ranges dans un ordre parfait. L'autre cote etait orne
d'une grande composition enchassee dans un cadre d'ebene massif, et
representait une descente de croix signee Coello.
Presque en face la porte d'entree, il y avait une autre petite porte.
Fausta, sans hate, alla l'ouvrir et vit une sorte d'oratoire exigu, sans
issue apparente, eclaire par une fenetre aux vitraux
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