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qu'aussitot Paris et la France reconnaissent Henri de Navarre.
--Comment cela? fit le roi avec etonnement.
--Sire, dit froidement Pardaillan, je vois que vos agents vous
renseignent bien mal sur l'etat des esprits en France. La France
n'aspire qu'au repos, a la paix, enfin. Pour l'avoir, cette paix, elle
est prete a accepter Henri de Navarre, meme s'il reste heretique...
a plus forte raison l'acceptera-t-elle s'il embrasse la religion
catholique. Le roi, lui, hesite encore. Publiez ce fameux parchemin et
ses hesitations disparaissent, pour en finir il se decide a aller a la
messe et, alors, c'est Paris qui lui ouvre ses portes, c'est la France
qui l'acclame.
--En sorte que, selon vous, nous n'avons aucune chance de reussite dans
nos projets?
--Je crois, dit paisiblement Pardaillan, qu'en effet vous ne serez
jamais roi de France, car: la France, sire, est un pays de lumiere et de
gaiete. La franchise, la loyaute, la bravoure, la generosite, tous les
sentiments chevaleresques y sont aussi necessaires a la vie que l'air
qu'on respire. C'est un pays vivant et vibrant, ouvert a tout ce qui est
noble et beau, qui n'aspire qu'a l'amour, la liberte. Pour regner sur ce
pays, il faut necessairement un roi qui synthetise toutes ces qualites,
un roi qui soit beau, aimable, brave et genereux entre tous.
--Vous avez la franchise brutale, monsieur, grinca Philippe.
Pardaillan eut cet air d'etonnement ingenu qu'il prenait lorsqu'il se
disposait a dire quelque enormite.
--Pourquoi? J'ai parle au roi de France avec la meme franchise que
vous qualifiez de brutale, et il ne s'en est point offusque... bien au
contraire... De vrai nous ne saurions nous comprendre parce que nous ne
parlons pas la meme langue. En France, il en serait toujours ainsi, vous
ne comprendriez pas vos sujets qui ne vous comprendraient pas davantage.
Le mieux est donc de rester ce que vous etes.
--Je mediterai vos paroles, croyez-le bien, dit Philippe, livide. En
attendant, je veux vous traiter avec les egards dus a un homme de votre
merite. Vous plairait-il d'assister a l'autodafe dominical de demain?
--Mille graces, sire, mais ces sortes de spectacles repugnent a ma
sensibilite un peu nerveuse.
--Je le regrette, monsieur, dit Philippe avec une amabilite sinistre.
Mais, enfin, je veux vous distraire et non vous imposer des spectacles
qui, s'ils nous conviennent a nous, sauvages d'Espagne, peuvent en
effet choquer votre nature raffinee de F
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