ettre ce parchemin?"
Tandis qu'il parlait, Fausta semblait comme perdue dans quelque reve
lointain, et, quand il se tut, fixant sur lui ses yeux de flamme:
--Chevalier, je vous ai propose, il n'y a pas bien longtemps, de vous
tailler un royaume en Italie et vous avez refuse parce qu'il vous
aurait fallu combattre un vieillard... Bien que ce vieillard s'appelat
Sixte-Quint, venant d'un esprit chevaleresque comme le votre, ce refus
ne m'a pas surprise. Les plans que j'avais elabores et que votre refus
d'alors aneantissait, je puis les reprendre en les modifiant... Il
s'agit de faire alliance avec un souverain... le plus puissant de la
terre...
Fausta fit une pause.
Alors, d'une voix calme, sans impatience, comme il n'eut rien entendu:
--Madame, voulez-vous me remettre le parchemin?
Une fois encore, Fausta sentit les etreintes du doute et du
decouragement. Mais elle le vit si paisible, si attentif--en
apparence--qu'elle reprit:
--Ecoutez-moi, chevalier... Contre la remise de ce parchemin, vous devez
obtenir le commandement en chef de l'armee que Philippe enverra en
France. Et cette armee sera formidable. Sous le commandement d'un chef
tel que vous, cette armee est invincible... A la tete de vos troupes,
vous fondez sur la France, vous battez le Bearnais sans peine, on le
juge, on le condamne, on l'execute comme fauteur d'heresie... Philippe
II est reconnu roi de France, et on cree pour vous un gouvernement
special, quelque chose comme la vice-royaute de France!... Vous vous en
contentez... jusqu'au jour ou, raccourcissant le titre d'un mot, vous
pourrez, par droit de conquete, placer sur votre tete la couronne
royale... Dites un mot, et ce parchemin que vous me demandez pour
Henri de Navarre, je vous le remets a l'instant a vous, chevalier de
Pardaillan.
Pardaillan, glacial, repeta:
--Madame, voulez-vous me remettre le parchemin que j'ai promis de
rapporter a S. M. Henri?
Fausta le fixa un instant, et, d'une voix morne:
--Je vous ai offert pour vous ce precieux parchemin, et vous l'avez
refuse... Je le porterai donc a Philippe.
--A votre aise, madame, dit Pardaillan en s'inclinant.
--Alors, qu'allez-vous faire?
--Moi, madame... J'attendrai... Et, puisque vous etes decidee a aller a
Madrid, j'irai aussi.
--Au revoir, chevalier, repondit Fausta, sur un ton etrange.
Pardaillan salua d'un geste large et, paisiblement, reprit le chemin par
ou il etait venu.
Alors, quand il eut disparu au
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