e de ses attitudes, du port de tete altier,
du regard fulgurant se degageait une si souveraine autorite qu'elle
semblait ecraser celui devant qui elle s'inclinait.
Et l'impression etait si saisissante qu'Espinosa ne put s'empecher
d'admirer, et murmura:
--Incomparable comedienne!
Et le roi, ebloui peut-etre par la surhumaine beaute de cette
etincelante magicienne, le roi sentit plier son indomptable orgueil.
Il se leva, fit deux pas rapides, se decouvrit en un geste empreint de
l'orgueilleuse elegance espagnole, et, la saisissant par la main, la
redressa avant que la reverence ne fut terminee, la conduisit a un
fauteuil en disant gravement:
--Veuillez vous asseoir, madame.
De la part de ce fier monarque, rigide observateur de l'etiquette, ce
geste imprevu, qui stupefia Espinosa, constituait le triomphe le plus
eclatant pour Fausta.
Qu'etait-ce que le roi Philippe?
C'etait un croyant sincere. Doue d'une intelligence superieure, il avait
hausse cette foi jusqu'a l'absolu, s'en etait fait une arme, et il avait
reve ce que, jadis, avait du rever Torquemada, c'est-a-dire l'univers
soumis a sa foi, c'est-a-dire a lui-meme.
L'Histoire nous dit, en parlant de lui: sombre, fanatique, orgueilleux,
despote... Peut-etre!... en tout cas, c'est bientot dit.
Nous disons, nous: IL CROYAIT! Et cela explique tout.
Il croyait que la foi est necessaire a l'homme pour vivre une vie
heureuse et mourir d'une mort paisible. Attenter a la foi, c'etait
donc attenter au bonheur des hommes, c'etait donc les vouer a une mort
desesperee. Les incroyants, les heretiques apparaissaient comme des
etres malfaisants qu'il etait necessaire d'exterminer.
Sa foi religieuse se transformant en foi politique, il avait cru a la
monarchie universelle.
De la, ses menees dans tous les pays d'Europe. De la, son intervention
immediate dans les affaires de la France. Ce pays devait etre annexe
le premier, puisqu'il se trouvait sur sa route, et, en l'annexant, il
reunissait en meme temps ses Etats en un formidable faisceau.
Tel etait l'homme sur lequel Fausta, par l'eclat de sa prestigieuse
beaute, venait de remporter un premier succes dont elle avait le droit
d'etre fiere.
Fausta s'assit donc en une de ces poses de grace dont elle avait le
secret.
A son tour, le roi s'assit et:
--Parlez, madame, dit-il avec une sorte de deference.
Alors, de cette voix harmonieuse dont le charme etait si puissant:
--J'apporte a Sa Majeste la
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