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--Decidez-vous, messieurs. Etes-vous a Fausta? Marchez-vous contre
Pardaillan?
--Eh bien, mortdieu! oui, nous sommes a Fausta!
--Je retiens cet engagement, messieurs. Et, maintenant, je bois au
triomphe de Fausta et au succes de ses "ordinaires"!
--A Fausta! aux "ordinaires" de Fausta! reprit le trio en choeur.
--Et maintenant, messieurs, en route pour l'Espagne!
IX
CONJONCTION DE PARDAILLAN ET DE FAUSTA
Bussi-Leclerc et ses compagnons franchirent les Pyrenees sans encombre,
et penetrerent dans la Catalogue.
Ils s'arreterent a Lerida, autant pour y prendre un peu de repos que
pour se renseigner.
A l'auberge, avant meme de mettre pied a terre, Bussi s'informa et
l'aubergiste repondit:
--L'illustre princesse dont parle Votre Seigneurie a daigne s'arreter
dans notre ville. Elle est partie, voici une heure environ, se dirigeant
sur Saragosse pour, de la, gagner Madrid. La princesse voyage en
litiere. Vous n'aurez pas de peine a la rejoindre.
Ces renseignements precieux etant acquis, ils mirent pied a terre, et:
--Mes compagnons et moi, nous sommes fatigues et nous etranglons de
soif... Y a-t-il a manger chez vous?...
--Dieu merci! nous avons des provisions, seigneur! repondit
l'aubergiste, non sans orgueil.
L'instant d'apres, l'hote posait sur une table: du pain, une outre
rebondie, une epaule de mouton bouillie et un grand plat rempli de pois
chiches cuits a l'eau, et, se tournant vers les voyageurs:
--Vos Seigneuries sont servies... Et, par Dieu! ce n'est pas souvent que
nous servons pareil festin!
--Mortdiable! bougonna Montsery, c'est cette maigre pitance qu'il
appelle un festin!
--Ne soyons pas trop exigeants, dit Bussi-Leclerc, et tachons de nous
habituer a cette cuisine, car c'est a peu pres ce que nous rencontrerons
partout...
Au bout d'une heure, les quatre compagnons enfourcherent leurs montures,
se lancerent sur les traces de Fausta, et, bientot, ils eurent
la satisfaction d'apercevoir sa litiere que des mules, richement
caparaconnees, trainaient d'un pas nonchalant, mais sur.
Bordee de bruyere brulee par les rayons implacables d'un soleil
eblouissant, la route pierreuse cotoyait le flanc de la montagne,
plongeait brusquement et, sinueuse, s'en allait traverser la plaine qui
s'etendait a perte de vue.
Fausta et son escorte apparurent sur la route et s'immobiliserent, dans
un flamboiement de lumiere.
Devant elle, tres loin, un cavalier, lance a toute allur
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