rgent n'est pas pature pour des gentilshommes comme
vous et moi!
Et, a Ponte-Maggiore stupefait:
--Venez, monsieur.
Quand il fut dans la salle qui lui servait de cabinet et ou
travaillaient encore deux de ses secretaires, Ruse de Beaulieu et Forget
de Fresne:
--Parlez, monsieur.
--Sire, dit Ponte-Maggiore en s'inclinant, je suis charge par Sa
Saintete de remettre a Votre Majeste cette copie d'un document qui
l'interesse au plus haut point.
Henri IV lut avec la plus extreme attention la copie de la proclamation
de Henri III que l'on connait. Quand il eut termine, impassible:
--Et l'original, monsieur?
--Je suis charge de dire a Votre Majeste que l'original se trouve entre
les mains de Mme la princesse Fausta, laquelle, accompagnee de S. E.
le cardinal Montalte, doit etre, a l'heure presente, en route vers
l'Espagne pour la remettre aux mains de Sa Majeste Catholique. Le
souverain pontife a cru devoir donner a Votre Majeste ce temoignage de
son amitie en l'avertissant. Quant au reste, le Saint-Pere connait trop
bien la vaste intelligence de Votre Majeste pour n'etre pas assure que
vous saurez prendre telles mesures que vous jugerez utiles.
Henri IV inclina la tete en signe d'adhesion. Puis, apres un leger
silence, en fixant Ponte-Maggiore:
--Le cardinal Montalte n'est-il pas parent de Sa Saintete? Alors?
--Le cardinal Montalte est en etat de rebellion ouverte contre le
Saint-Pere! dit rudement Ponte-Maggiore.
Et, s'adressant a un des deux secretaires, le roi dit:
--Ruse, conduisez M. le duc aupres de M. le chevalier de Pardaillan, et
faites en sorte qu'ils se puissent entretenir librement. Puis, quand
ils auront termine, vous m'amenerez M. de Pardaillan. Allez, monsieur
l'ambassadeur, et n'oubliez pas qu'il m'est agreable de vous revoir
avant votre depart, ajouta-t-il avec un gracieux sourire.
Quelques instants apres, Ponte-Maggiore se trouvait en tete-a-tete avec
le chevalier de Pardaillan, assez intrigue au fond, mais dissimulant sa
curiosite sous un masque d'ironie et d'insouciance.
--Monsieur, dit le chevalier d'un ton tres naturel, vous plairait-il de
me dire ce qui me vaut l'honneur de recevoir un personnage illustre tel
que M. le duc de Ponte-Maggiore et Marciano?
--Monsieur, Sa Saintete m'a charge de vous faire savoir que la princesse
Fausta est vivante... et libre.
Le chevalier eut un imperceptible tressaillement, et tout aussitot:
--Tiens! tiens! Mme Fausta est vivante!..
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