les cotes et sur les frontieres
du desert: je ne crains donc rien, et je suis ici invincible; mais je
dois a l'humanite, a la vraie politique, au plus ancien, comme au plus
vrai des allies, la demarche que je fais.
Ce que la Sublime-Porte n'obtiendra jamais par la force des armes,
elle peut l'obtenir par une negociation. Je battrai toutes les armees,
lorsqu'elles projetteront l'envahissement de l'Egypte; mais je repondrai
d'une maniere conciliante a toutes les ouvertures de negociations qui
me seront faites. La republique francaise, des l'instant que la
Sublime-Porte ne fera plus cause commune avec nos ennemis, la Russie
et l'Empereur, fera tout ce qui sera en elle pour retablir la bonne
intelligence, et lever tout ce qui pourra etre un sujet de desunion
entre les deux etats.
Cessez donc des armemens dispendieux et inutiles; vos ennemis ne sont
pas en Egypte, ils sont sur le Bosphore, ils sont a Corfou, ils sont
aujourd'hui par votre extreme imprudence au milieu de l'Archipel.
Radoubez et rearmez vos vaisseaux; reformez vos equipages; tenez-vous
pret a deployer bientot l'etendard du prophete, non contre la France,
mais contre les Russes et les Allemands qui rient de la guerre que nous
nous faisons, et qui, lorsque vous aurez ete affaibli, leveront la tete,
et declareront bien haut les pretentions qu'ils ont deja.
Vous voulez l'Egypte, dit-on; mais l'intention de la France n'a jamais
ete de vous l'oter.
Chargez votre ministre a Paris de vos pleins pouvoirs, ou envoyez
quelqu'un charge de vos intentions ou de vos pleins pouvoirs en Egypte.
On pourra, en deux heures d'entretien tout arranger: c'est la le seul
moyen de rasseoir l'empire musulman, en lui donnant la force contre
ses veritables ennemis, et de dejouer leurs projets perfides; ce qui,
malheureusement, leur a deja si fort reussi.
Dites un mot, nous fermons la mer Noire a la Russie, et nous cesserons
d'etre le jouet de cette puissance ennemie que nous avant tant de sujets
de hair, et je ferai tout ce qui pourra vous convenir.
Ce n'est pas contre les musulmans que les armees francaises aiment a
deployer, et leur tactique, et leur courage; mais c'est, au contraire,
reunies a des musulmans, qu'elles doivent un jour, comme cela a ete de
tout temps, chasser leurs ennemis communs.
Je crois en avoir assez dit par cette lettre a votre excellence; elle
peut faire venir aupres d'elle le citoyen Beauchamp, que l'on m'assure
etre detenu dans la mer Moire. Ell
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